ENTREVUE AVEC CONFRONT MAGAZINE

Written by Your Favorite Enemies. Posted in Entrevues

CONFRONT : À quoi a ressemblé le processus d’enregistrement de “Between Illness And Migration” ?

YOUR FAVORITE ENEMIES : Je crois que la meilleure façon de décrire tout le processus d’enregistrement de “Between Illness And Migration” serait “la liberté à travers un lâcher prise collectif”. C’est à partir de cette liberté que nous nous sommes permis de vivre, que nous avons été capables de créer ce que nous considérons comme des moments musicaux déterminants, des moments musicaux qui étaient le reflet parfait de la communion que nous partagions, alors que nous lâchions prise sur tout pour laisser place à cette authenticité d’être ensemble dans la même pièce. C’est pourquoi la majeure partie de l’album a été enregistrée live, dans nos propres installations – une ancienne église catholique que nous avons acheté il y a quelques années et que nous avons transformé en studio d’enregistrement. C’est pourquoi ce qui figure sur l’enregistrement contient pour nous de vrais moments, du point de vue de l’écriture collective au processus de mixage final. Nous avons simplement décidé d’assumer que la musique provenait ainsi de nos six âmes. En vie, imparfaits, brisés, rêveurs, hors de contrôle, dangereusement non synchronisés parfois… tout ça, et probablement plus… Mais malgré tout libres et en assurance. C’est la seule chose qui nous importait, avoir le courage d’”être” et d’assumer ce qui pourrait ressortir de ça. “Between Illness And Migration” gravite autour de tout ça. Ce que ça a créé est la communion de 6 personnes, avec tous les doutes et les peurs du monde extérieur, libre de la gravité.

CONFRONT : En quoi cet album diffère-t-il de vos précédentes sorties ?

YFE : Je pense que toute la dynamique du groupe et les perspectives globales étaient les réels initiateurs de ce qui allait ressortir assez naturellement, alors que nous nous sommes réunis pour la première fois dans notre studio de répétition pour écrire l’album. Comme tout ce que nous savions (ou croyions savoir) avant était une approche plutôt aseptique définie par un genre de “chanteur / parolier / producteur / solitaire / Faites-seulement-ce-que-je-dis”, aussi connu sous le nom de l’approche “Insécure – contrôlant – à contre-courant”. On ne se demande pas pourquoi la tension qui vient avec cette “auto-préservation” pour gérer un environnement créatif n’a jamais rien donné de collectivement régénérant ou inspiré toute sorte de communion et de lâcher prise.

Alors d’un processus de frustration profonde et insupportable, nous avons pris l’habitude de vivre le plus brillant de tous les faux sourires dorés, nous en avons fait un “si c’est vrai, ça fleurira” live à la sauce “PLAY – REC” old school d’incarnation inspirante. Ce qui, de plusieurs façons, est la raison pour laquelle “Between Illness And Migration” aurait pu être appelé “Between Epiphanies To Every Other Catastrophes” (Entre Épiphanie Et Toutes Autres Sortes De Catastrophes – ndlt) dû à son processus de lâcher prise total et sa nature de liberté pure.

CONFRONT : Qu’est-ce que vous avez appris de l’enregistrement de cet album que vous emmènerez avec vous en studio pour le prochain ?

YFE : S’il y a une chose que nous avons appris, ça serait que tout tourne autour du degré personnel de capitulation et de lâcher prise qui crée une communion collective et qui donne ultimement naissance au véritable voyage musical, pas la pensée magique du type, si on se tient dans un environnement créatif incroyable, ça mènera assurément une communion émotionnelle stérile à une chambre haute régénérante. Et croyez-moi, la singularité incroyable d’être dans notre propre église est assez éloquente et émouvante lors des premières lueurs du matin, mais nous avons réalisé assez vite que l’épiphanie inspirante ne viendrait pas de la nature spirituelle de notre environnement créatif. Tout se joue sur le degré d’implication que nous sommes prêts à avoir les uns envers les autres. Pas envers le projet en lui-même, mais envers nos relations. C’est là le lieu sacré.

CONFRONT : Quelle chanson avez-vous le plus aimé voir prendre vie en studio ?

YFE : Comme nous avons presque tout enregistré live, tout le monde debout dans la même pièce se regardant s’abandonner au moment, je dirais que chaque chanson a été très spéciale et unique dans sa façon de prendre vie. C’est surtout comment elles ont été assumées par la suite.

Mais si je devais ne choisir qu’une chanson, ça serait la version originale de “From The City To The Ocean” qui a été publiée sur l’édition japonaise de l’album. C’est un voyage de 12 minutes rempli de confusion, de faire-croire, d’illusions… Une crainte de la perte intime de l’innocence. Le paysage musical est un vertige sonore distordu attendant la délivrance d’un véritable lâcher prise. Elle a été enregistrée en pleine nuit. Nous avons senti que la chanson nous amenait à être témoin des lueurs matinales s’élevant à travers le flot continu de notre propre crépuscule. Et à travers les vitres teintées, cette lueur matinale était simplement incroyable.

CONFRONT : Quel a été le processus derrière cette décision de créer votre propre label et est-ce que vous pensez que ça a ajouté des difficultés supplémentaires pour vous en tant que musiciens ou tout le contraire ?

YFE : Le processus était vraiment simple, comme ce n’était pas une question de nécessité absolue, mais nous avons décidé de gérer tous les aspects de notre propre vision. Nous n’avions pas de plan sur 5 ans pour conquérir le monde. Nous étions une bande de parias sans beaucoup d’estime personnelle qui se sont retrouvés dans un regroupement complètement imprévisible de gens qui se retrouvaient dans une même musique et un même état d’esprit. Alors quand les gens de partout dans le monde se sont mis à nous demander la possibilité de se procurer notre musique, nous avons dû nous organiser assez rapidement. Et comme notre vision n’était pas partagée par ceux qui nous représentaient à ce moment-là, nous avons décidé de simplement nous approprier notre vision.

Ça ne nous a clairement pas permis d’échapper aux erreurs de budget, des mauvaises décisions et des paris fous que nous avons perdus. Et ça nous a privés de l’opportunité de blâmer notre label de management d’avoir mal fait leur travail pour un album resté sans succès. Nous avons planifié le budget du projet. Ce n’est pas tellement semblable à l’extravagance du mode de vie rock star ! Mais hey, il y a aussi des bons côtés !

L’un des bons côtés d’avoir notre propre label je pense, c’est dans le fait que chaque étape devait être grandement assumée par nous tous parce que nous savions que personne ne viendrait réparer le bordel après nous. Nous en connaissions l’enjeu. Alors si nous n’étions pas tous à fond dans un projet dont nous étions les initiateurs, nous ne ferions rien. Nous pensons vraiment que quand tu crois profondément à quelque chose, peu importe si ça peut paraître bizarre au monde extérieur des affaires, ou à quel point ça peut paraître fou aux yeux des sceptiques habituels, tu te dévoueras à la mesure de la foi que tu as initialement pour ça. Rien ne va jamais en fonction d’un plan, croyez-moi. Alors nous devions nous faire confiance et nous devions être unis ensemble. Comme pour nous, il y a une grosse différence entre avoir de l’ambition et avoir une vision. L’ambition crée des fous-rires illusoires et un émoiement éphémère, contrairement à la liberté inspirante d’avoir une vision.

Mais pour être honnête, avoir notre propre label nous a avant tout offert la possibilité de travailler avec nos meilleurs amis chaque jour. C’est pourquoi, au-delà des longues journées de dingue à travailler et de l’ethos constante de devoir “rester concentré” sans arrêt que nous avons, nous ne voyons pas “Hopeful Tragedy Records” comme une tentative de business musical traditionnel. C’est d’abord et avant tout une communauté, une famille unique. Nous étions presque tous là lors de la fondation du label, et de voir ce que nous avons réussi à créer tous ensemble va bien au-delà de tout ce que nous aurions pu imaginer ou rêver. Pour chacun d’entre nous, c’est un endroit que nous appelons “maison”.

CONFRONT : Quelle a été votre réaction après vous être faits appelés le Secret le Mieux Gardé du Canada par le magazine Kerrang ?

YFE : C’est toujours spécial de découvrir la perspective des autres à propos de vous. Je veux dire, nous faisons nos “affaires” sans penser à la nécessité d’”être” à travers les yeux des experts en business dont nous faisons théoriquement partie. Alors nous prenons habituellement ces choses pour ce qu’elles sont, un accident très heureux sur le chemin. Ne vous méprenez pas, nous ne jouons pas au “trop cool pour être émus par tout ça”, mais nous relativisons tout pour ce que c’est, et en ce qui concerne Kerrang, ça m’a ramené au moment où je lisais ces magazines alors que les groupes et artistes étaient totalement en marge du monde normal, un peu comme des dieux ou des créatures intouchables. Alors c’est toujours spécial de se voir dans toutes sortes de publications… un mélange d’humilité reconnaissante et de vérité totale de “Jamais je n’aurais imaginé qu’une chose pareille se passerait”.

Pour ce qui est d’être considéré comme “le Secret le Mieux Gardé du Canada”… et bien, avec tous les artistes canadiens de tous genres répandus à travers le monde, peut-être que nous étions le dernier de toute la horde d’artistes canadiens sur la liste qui n’était pas reconnu une fois à la maison lolol… Et pour une fois, c’était cool de ne pas être confondu avec un groupe du Royaume-Uni ou de New York, comme c’est le cas d’habitude.

CONFRONT : Vous avez tourné un peu partout en dehors du Canada. Quelle ville ou quel pays vous a surpris le plus quand vous y avez joué et pourquoi ?

C’est vrai que nous avons été extrêmement privilégiés de tourner dans tellement de pays fabuleux partout dans le monde et encore plus incroyablement bénis de voir tellement de choses magnifiques, comme nous avons été invités à nous immerger dans tellement de cultures différentes. Nous avons des histoires particulières dans chaque pays que nous avons visité. Nous avons tous de très beaux souvenirs associés à des endroits très spécifiques. Pour moi, le Japon, la France, la Chine et le Royaume-Uni ont été très singuliers au cours des années. Le Japon a toujours été très spécial pour moi. Dès la première fois que j’ai eu l’honneur de visiter ce pays, j’ai ressenti exactement ce qu’était vraiment une “maison” dans mon imagination. C’est difficile de décrire un tel lien émotionnel. Disons que c’est une sensation profonde de paix et de repos, dans les moments où j’en ai le plus besoin.

La France est un endroit vraiment significatif où je peux me perdre, pas seulement en tant qu’écrivain ou littéraire ou drogué d’art, mais parce que je suis tombé amoureux des gens. Certains disent que l’amour est aveugle, mais je suppose que je suis probablement le seul au monde qui trouve les Parisiens incroyablement accueillants et doux…! Quoi ?!? Si tu n’aimes pas les Parisiens, c’est parce que tu ne t’es jamais fait violemment crié dessus. Il y a un aspect tellement romantique là-dedans. Oh oui, crie encore pour moi… Tu as raison, “je suis un enfoiré et je suis un sale connard”. Cet accent est une douce musique à mon âme…! Pour ce qui est de la Chine, ça a été la plus incroyable expérience humaine qui m’ait été donnée de vivre lors d’une tournée. Nous avons passé 6 semaines à tourner dans tout le pays. Nous étions le premier groupe – et même les premiers étrangers – à visiter certaines villes, et rencontrer des gens incroyablement accueillants, curieux, généreux et passionnés. Peu importe la génération, la province ou la ville, les gens découvrent la puissance révolutionnaire de leurs rêves. Les jeunes brûlent de passion. Pour ce qui est de la scène musicale, disons que c’est comme New York ou Londres entre 1972 et 1979, mais multiplié par 1000, si ce n’est pas plus. C’est dément, à tel point que ça a redéfini toute notre approche de la scène et en dehors aussi. Les plongeons dans la foule de Iggy Pop et autres sauts de dingue auraient l’air d’évènements mineurs à côté de ce que nous avons vu pendant certains de nos concerts. C’était du genre “est-ce que c’est comme une sorte de tentative de suicide ou simplement une mauvaise incarnation de ce que veut dire lâcher prise ?”.

Tout ceci étant dit, le Royaume-Uni reste le plus romantique des endroits pour moi. Non seulement c’est de là que la plupart de nos groupes favoris, ceux que nous écoutions en grandissant et encore aujourd’hui, viennent, mais tout a aussi commencé à Londres pour nous, il y a quelques années. C’était la première fois que nous nous étions sentis accueillis tels que nous étions, au-delà de la “tendance” et de ce qui est cool. C’était nous, un peu en pagaïe mais nous quand même. C’était une sensation très libératrice pour nous à ce moment-là.

CONFRONT : Où aimeriez-vous jouer à nouveau ?

YFE : Je dirais à Kyoto au Japon. Nous jouons une fois par an dans un temple historique situé dans les montagnes de Kyoto, le temple fait partie de l’héritage protégé du pays. Et nous ne sommes pas les seuls étrangers qui ont joué là, mais le seul groupe entre tous à avoir joué dans un endroit aussi hors du commun et extraordinaire. La famille en charge du temple sont des fans, et maintenant ils sont comme notre famille. Alors encore une fois, notre musique et nos valeurs humaines nous ont menées au plus incroyable des endroits pour communier.

CONFRONT : Citez une chose que les fans ne savent peut-être pas à propos du groupe ?

YFE : Miss Isabel m’a convaincu de chanter une chanson de louange pour un projet de gospel très old school sur lequel elle travaillait il y a quelques années. Peut-être que mon mélange étrange de John Lydon – Nick Cave avec un peu de Don Mclean, Phil Ochs et Jackson C Franck pour ce qui est de mon interprétation explique un peu pourquoi c’est encore considéré comme un projet à venir pour Miss Isabel lol…

CONFRONT : Si vous pouviez jouer avec un musicien encore en vie ou mort, qui serait-il et pourquoi ?

YFE : Un choix commun serait définitivement Joe Strummer, surtout parce que sa musique m’a donné le courage de passer à travers la période la plus difficile de mon adolescence… et parce qu’il est la principale raison pour laquelle je n’y pense pas à deux fois avant de sauter dans la foule à partir du balcon du 2ème étage de la salle où nous jouons. Kurt Cobain serait un choix commun aussi, pour sa passion et son lâcher prise total. Mais si je n’avais qu’un seul choix (j’aime la question que tu as posé lol), ça serait Nick Cave, seulement parce que c’est Nick Cave et donc personne n’est lui ou ne pourrait l’être… et c’est plus que suffisant pour moi !!!

CONFRONT : Quels sont les 3 artistes / chansons ou albums qui jouent couramment sur le mode Repeat dans votre playlist et pourquoi ?

YFE : Nick Cave And The Bad Seeds – Abattoir Blues

C’est le genre d’album qui pénètre lentement ton âme et te transforme complètement en tant que personne. Et d’une certaine façon, tu as de plus en plus besoin de son chaos, de ses sons, de son esprit, de ses murmures impies et de ses cris paisibles.

Savages – Silence Yourself

C’est ma dernière obsession musicale. C’est rafraîchissant d’entendre une nouvelle incarnation passionnée et enragée dans laquelle j’ai grandi, ajoutée à une tonalité dangereuse et un sens de l’urgence authentique. C’est simplement ce qu’il se doit d’être, sans prétention mais seulement un coup de poing dans le ventre de la musique actuelle ennuyeuse et générique.

Sonic Youth – Sonic Nurse

C’est l’un des albums favoris du groupe parmi tous, un mix de sons un peu crasseux des années 60 à la Velvet Underground, un mélange discordant de leur façon unique d’équilibrer le son avec des mélodies psychés et avant toute chose un album avec lequel tu vis un voyage au niveau personnel… peu importe ce que ça veut dire et où ça peut mener.

CONFRONT : À quoi les fans peuvent s’attendre de la part de Your Favorite Enemies en 2014 ?

YFE : Les cartes sont encore incertaines, parce que nous sommes en train de préparer les différentes sorties de “Between Illness And Migration”, avec une sortie unique prévue pays par pays. Alors ça va être une année très chargée. Nous sommes en ce moment à Barcelone pour tourner le vidéoclip de notre prochain single avant d’embarquer dans une tournée promotionnelle de 6 semaines au Royaume-Uni… Nous retournons en Chine pour une tournée de 5 semaines, nous allons sortir un EP exclusivement pour la France… Tout ça avant de revenir à temps pour la sortie de la version canadienne de “Between Illness And Migration”, prévue le 20 mai, et de tourner pour la première fois à la maison juste après ça. L’été tournera autour de la folie des festivals en Europe, où nous ramènerons notre cirque de dingue en automne. Vous pouvez envoyer des vitamines, des piqûres d’injection d’adrénaline et des sacs de transfusion sanguine à l’adresse habituelle du groupe avec le nom : “Kit de survie 2014” lol

LISEZ L’ENTREVUE ORIGINALE ICI !

Ces noise-rockers sont le secret le mieux gardé du Canada…

Written by Your Favorite Enemies. Posted in Entrevues

YOUR FAVORITE ENEMIES
Pssssht, soyez discrets! Ces noise-rockers sont le secret le mieux gardé du Canada…

Mais que gardent-ils secret, alors?
Et bien, jusqu’à maintenant, Your Favorite Enemies se sont délibérément tenus loin des feux de la rampe. Après sa formation à Montréal en 2006, le groupe a immédiatement vu s’allumer un intérêt à son sujet en Amérique du Nord. Ils se sont vus être à l’affiche dans plusieurs magazines de l’industrie et courtisés par une horde de labels. “Nous nous sommes trouvés sur un train de folie, et au début, c’était vraiment amusant.” explique le chanteur Alex Foster (celui qui porte le bonnet). “Et puis nous avons réalisé que nous étions en train de nous perdre au profit des ambitions des autres. Nous avons pris la décision de définir ce que nous voulions et la façon dont nous voulions le faire. Nous voulions reprendre le contrôle sur notre destinée.”

Ils sont donc des mordus du DIY?
En effet, ils le sont. Inspirés par l’héritage des légendes hardcore telles que Black Flag, ils ont fondé leur propre label, Hopeful Tragedy Records, et ont vendu 40,000 copies de leur EP par leurs propres moyens. Ils ont aussi acheté une ancienne église catholique et l’ont convertie en un studio d’enregistrement. “Lorsque tu réponds à des entrevues, c’est sexy de s’accrocher à l’étiquette DIY, mais c’est en fait énormément de travail,” raconte le guitariste Jeff Beaulieu. “Ce n’est pas seulement à propos de réussir dans la scène locale. Il faut être organisé et dédié.”

Sont-ils déjà venus au Royaume-Uni?
Ils viennent tout juste de terminer une série de concerts à Londres et seront de retour ce printemps alors que leur album Between Illness And Migration sortira au Royaume-Uni. Ils ont aussi joué des concerts incroyables en Chine et au Japon. Pour un groupe avec de fortes propensions socio-politiques (Alex est un ancien porte-parole pour Amnistie Internationale), le premier a posé quelques problèmes. “J’ai du prendre en considération ce que je disais, mais nous avons cru qu’il était mieux de parler de rêves et de semer plutôt que d’être plus confrontants, d’avoir un 15 minutes de gloire, et de voir le concert arrêté.” explique Alex. “Au Japon, nous avons joué dans un temple bouddhiste situé dans les montagnes et il y avait des moines qui rockaient, les poings dans les airs. C’était irréel.”

Ça semble plutôt cool, mais comment sonnent-ils?
Alex décrit Your Favorite Enemies comme du “noise-rock avec une âme”, mais ils ont jusqu’à maintenant surfé sans effort sur les émotions et les genres à travers leur discographie. De grooves sinueux à la Queens Of The Stone Age, aux éclats de sons discordants à la Sonic Youth et aux chansons acoustiques qui nous bercent, ils peuvent tout faire. Écoutez A View From Within sur Kerrang.com et découvrez vos nouveaux amis favoris.

RENCONTREZ LE GROUPE
Maintenant que vous connaissez Alex, dites bonjour au reste des membres du groupe…

Jeff Beaulieu (Guitare)
“Jeff est l’étincelle du groupe. Il est toujours positif et apporte beaucoup d’idées sur la table. Il est le ciment qui lie le groupe ensemble.”

Sef (Guitare)
“C’est le plus fou de tous les scientifiques fous. Vous devriez voir son footboard, c’est plein de lumière, on dirait un concert de Pink Floyd!”

Ben Lemelin (Basse)
“Ben est très passionné, et il apporte au groupe quelque chose de plus lourd, tout comme de la mélodie.”

Miss Isabel (Clavier/Chants)
“Elle n’a pas peur de regarder un de nous dans le blanc des yeux et de nous mettre au défi. Elle apporte une lucidité lorsque nous allons dans différentes directions.”

Charles “Moose” Allicy (Batterie)
“Moose est un esprit silencieux au milieu de la forêt. Il se fait discret, mais lorsque vient le temps de parler, tout le monde s’arrête pour l’écouter.”

Entrevue de Your Favorite Enemies by Geki Rock

Written by Your Favorite Enemies. Posted in Entrevues

Nous avons fait une entrevue avec le groupe de rock alternatif canadien YOUR FAVORITE ENEMIES (nommé ensuite YFE) qui a tourné au Japon pour la troisième fois de fin septembre à début octobre. Nous avons parlé de leurs activités basées sur l’ethos DIY à laquelle ils se consacrent depuis 2006, année à laquelle le groupe s’est formé, et aussi à propos du coeur qu’ils ont infusé à leur premier album au Japon “Between Illness And Migration”.

Alex (nommé ensuite A) : Merci d’être venu ce dimanche.yfe_gekirock_02

– Non non, merci à vous de prendre le temps de nous recevoir malgré toutes vos occupations. Combien de gens sont sur la route avec vous, incluant les équipes photo et vidéo ?

A : Douze personnes !

– Douze ! Wow. C’est rare de voir un groupe qui vient au Japon avec autant de monde.

A : Oui. C’est comme un cirque, pas vrai ? lol

– Quand il y a 12 personnes, ça doit être difficile de gérer tout le monde.

yfe_gekirock_03Ben (nommé ensuite B) : Oui je crois !

A : Oui, parce que tu as quelques fauteurs de troubles !lol! Ils devraient apprendre du comportement des japonais.

B : Ahahaha.

– Est-ce que vous perdez des gens parfois ? lol

A : Non, ça n’arrive pas. Nous avons tous différents rôles pour chacun des membres du groupe et nous sommes occupés par des concerts et des rencontres avec les fans, alors il n’y a pas de temps pour faire quelque chose de mal. Nous nous amusons tous ensemble. Bien sûr entre les membres du groupe mais aussi avec Stéphanie qui est la photographe, Kosho et Momoka qui sont l’équipe japonaise, tout le monde se tient avec tout le monde. Et nous sommes tous très proches des fans aussi. Tout autant que les fans sont impatients de nous voir, nous sommes vraiment excités depuis notre arrivée au Japon. Nous pensons que notre groupe est comme une grande communauté incluant les fans. Dans ce cas précis, c’est mieux de dire que c’est le grand mouvement d’une grande famille plus qu’un cirque. Enfin, on fait des choses dingues parfois, aussi. lol

– Concernant la communauté, j’ai entendu que les fans japonais ont soutenu la tournée cette fois. Comment avez-vous rencontré les fans japonais et construit de telles relations ?

A : Je pense que c’était en 2006. Quand nous avons commencé à partager notre musique sur internet, nous avons rencontré des japonais en ligne. Nous avons toujours été le groupe qui avait une relation de proximité avec les fans et c’était naturel pour nous de construire une amitié avec les fans japonais aussi. Ce n’est pas comme les relations entre les artistes et les fans mais ce sont des connexions plus profondes que nous pouvons partager, et avec qui nous pouvons parler de problèmes sociaux ou de leurs inquiétudes personnelles. Même si ces échanges se font par message, j’ai senti que les jeunes gens japonais sont tellement incroyables mais d’un autre côté, j’ai réalisé qu’ils sont très dépressifs et inquiets. Et ça m’a donné envie de faire quelque chose pour eux. Y compris cette visite au Japon, tous ces projets et les concerts sont l’extension de notre coeur. J’ai découvert le Japon à travers eux, alors j’aimais le Japon avant même de venir ici.

– Il y a beaucoup de groupes étrangers qui espèrent avoir une connexion profonde avec les fans des autres pays mais qui n’y arrivent pas vraiment. Vous avez été capables de construire ces relations avec les gens. Est-ce que c’est parce que vous travaillez plus dur pour communiquer avec les fans que les autres groupes ?

A : Je suppose que c’est parce que nous n’avions pas aucune attente en créant une communauté de fan. Nous voulions simplement être amis et être comme une famille pour eux. Nous n’avions pas l’ambition d’étendre la communauté de fans pour le succès de notre carrière. Nous parlions simplement avec les gens sur le même niveau.

– Sur le même niveau ?

A : Oui, par exemple, nous avons aussi à nous inquiéter de combien de temps nous pourrons continuer à faire de la musique comme un groupe dans le futur. Alors nous sommes tous les mêmes en terme de peurs et d’anxiétés à propos de la vie. Nous n’avions pas de gros plan pour avoir un contrat avec un label majeur 5 ans après avoir commencé le groupe. Nous sommes des jeunes comme tout le monde. Il ne fait aucun doute que la musique était le pont pour nous de connecter avec les fans, mais concernant ce fameux plan que nous avions, c’était de créer des connexions et de ne faire qu’un comme une communauté et de grandir tous ensemble. Nous n’avons jamais eu de stratégie ou d’analyse pré-faite. Nous voulions juste partager nos vies et nous soutenir les uns les autres. Les équipes et les fans m’appellent Alex. Et je les appelle par leur prénom aussi. Il n’y a pas de différence entre nous. Je suppose que cette relation humaine est la clé du succès.

– Je vois. Alors vous n’avez jamais senti de limites par rapport à cette méthode DIY ? En fait, j’avais cette question, mais la réponse doit être “non”, pas vrai ?

A : L’amitié est un cadeau précieux pour moi. Je suis très heureux de la recevoir et c’est vraiment un honneur pour moi, alors je veux la chérir. Je suis tellement heureux que les fans japonais m’appellent frère ou ami. J’ai dit que la musique était le pont, mais quand nous avons une connexion profonde, à un certain point il y a eu le moment où c’est allé au-delà de la musique, internet, ou tous autres outils qui nous permettaient d’être connectés. Après ça, nous avons senti que nous étions capables de construire une vraie relation et que nous pouvions grandir en tant que musiciens. Bien sûr nous avons fait beaucoup d’erreurs. Mais l’amour pardonne et il est patient, alors si nous continuons d’essayer, l’amour couvrira toutes les erreurs et nous donnera la force de continuer. Je pense que ce que nous faisons est une si belle histoire d’amour punk. Enfin, je ne sais pas s’il y a quoique ce soit comme ça depuis que j’ai créé le monde amour-punk. lol

– Comment était la tournée au Japon au fait ?

A : C’était extraordinaire. C’était génial. Nous avons eu beaucoup d’opportunités de voir des gens qui nous sont si chers. J’étais honoré et heureux. Beaucoup de musiciens disent que le concert le plus difficile est celui que tu fais dans ta ville natale, mais pour nous, chaque concert au Japon est comme un concert dans notre ville. Nous avons vécu beaucoup d’émotions chaque soir. Nous avons fait beaucoup d’improvisation dans les chansons et nous avons créé des chansons dépendant de l’ambiance qu’il y avait. C’est passé tellement vite et je ne peux pas croire que l’un de nos chapitres s’est déjà terminé, je suis un peu triste. Cette fois, nous avons conduit la van au Japon pour tourner. Alors nous nous sommes arrêtés à beaucoup d’endroits et nous avons rencontré des gens qui ne pouvaient pas venir au concert. Nous avons rencontré beaucoup de gens. C’était comme une fête tous les jours et nous nous sommes amusés.

– Est-ce que c’était à Kyoto ou Osaka ? Êtes-vous restés dans le temple ?

A : Oui ! La maison des parents de Kosho est le temple. Kosho et Momoka étaient aussi des fans au début. Nous nous sommes rencontrés en 2008 et en 2010 quand nous sommes allés au Japon. Kosho est maintenant en charge de filmer les vidéos et Momoka coordonne la tournée et la traduction. Je pense que c’est un bon exemple de comment nous avons grandi en tant que communauté, c’est pourquoi nous pouvions rester au temple et avoir un concert là ! Nous avons joué non seulement de l’acoustique mais aussi du rock électrique dans ce temple vraiment historique. C’était une expérience incroyablement riche. C’était la première fois que je devais enlever mes chaussures quand je jouais. C’est tellement punk ! lol

– Ça a dû être une expérience incroyable pour vous et vos fans aussi.

A : Oui, nous étions honorés de vivre une expérience si rare. En fait, le père de Kosho, qui est un moine, était celui qui rockait le plus. J’étais vraiment heureux de voir ça. Je crois que nous avons ouvert une nouvelle page pour la culture. lol

– Avez-vous pu vivre quelque chose d’ordre bouddhiste ou zen quand vous étiez au temple ?

A : Simplement dans le fait que nous soyons tous au temple et l’expérience d’être entouré par un tel environnement, ça reflète nos vies et nous fait repenser à ce qu’elles sont. Le temps que nous avons passé là et les choses que nous y avons fait sont venus à nous comme une inspiration spirituelle par tellement d’aspects. C’est impressionnant quand tu y penses que les relations intimes que nous avons entretenues vont au-delà du groupe et les fans l’ont fait arriver. Nous avons fait des choses dingues et maintenant, nous sommes ici. En se réveillant le matin, tu réalises que tu es dans un temple. Juste ça c’est drôle. Les expériences sont créées par l’environnement qui t’entoure, mais peu importe la forme que ça prend, on pense toujours que c’est une célébration de vie. Chaque jour, ces expériences nous disent à quel point la vie est incroyable. Et nous le réalisons à chaque fois que nous venons au Japon.

– Comme tous les membres du groupe sont là, j’aimerais en savoir plus sur chacun d’entre eux.

A : Cool !

– Mais comme il ne nous reste plus beaucoup de temps et que je ne peux pas poser des questions profondes à chacun, j’aimerais savoir quel est le premier concert de votre vie que vous êtes allés voir. Commençons avec Ben (nommé ensuite B), s’il vous plaît.

B : Un groupe de Death Metal appelé “CRYPTOPSY”.

A : Plutôt mélodieux. lol

B : Oui, tellement doux. lol

– Est-ce que ça veut dire que l’arrière-plan musical de Ben était plutôt death metal ?

B : Et bien, je suppose.

– Quel âge avais-tu ?

B : J’avais 17 ans. En fait, les jeunes de 17 ans n’étaient pas acceptés dans la salle mais je me suis arrangé pour rentrer. lol

– Haha. Et pour ce qui est de Sef ?yfe_gekirock_04

Sef (nommé ensuite S) : Le concert de METALLICA, quand ils ont sorti le “Black Album”.

– Quel âge avais-tu ?

S : J’avais 16 ans. Je venais de commencer à jouer de la guitare.

A : Sef et Ben sont de vrais frères.

– Oh oui ? Alors Sef est le grand frère ?

S : Oui.

– Alors, Sef a emmené Ben à beaucoup de concerts ?

B : Non.

S : Nous restons maintenant ensemble mais pas dans le passé.

B : Mon frère n’aimait pas le death metal aussi.

S : Oh oui, je pensais que la musique que Ben écoutait à ce moment-là faisait juste du bruit. lol J’étais plus du genre IRON MAIDEN ou TESTAMENT.

yfe_gekirock_05– Ok, ensuite Miss Isabel ?

Miss Isabel (nommée ensuite M) : Je crois que j’avais 16 ou 17 ans, je suis allée à un concert de COUNTING CROWS à Montréal. Je m’en souviens parce que j’étais déjà avec quelques membres du groupe, dans un groupe différent avant YFE, et après que nous soyons allés voir le concert de COUNTING CROWS, nous avions un concert à West Coast, Edmonton. Alors nous devions conduire toute la route pendant 44 heures.

– 44 heures ?!

M : Nous avions deux conducteurs pour rouler pendant 44 heures non-stop. À ce temps-là, nous étions 7 personnes dans le groupe mais serrés tous ensemble avec tout l’équipement dans une van, traversant le Canada d’un bord et de l’autre. En fait, on fait encore ça aujourd’hui !lol!

– Ça a dû être difficile pour toi d’être la seule fille ?

M : À cette période, il y avait une autre fille qui jouait aux claviers. Mais maintenant, je suis la seule qui chante et qui joue aux claviers pour sauvegarder l’énergie. lol

A : Elle était la seule à pouvoir survivre à ce monde de fou. lol

– Et pour ce qui est de Moose ?yfe_gekirock_06

Charles (nommé ensuite C) : PINK FLOYD. J’avais 16 ans.

– Quelle époque de PINK FLOYD ?

C : C’était au moment de “The Division Bell”, alors…

A : C’était en 1994.

C : Il y avait 3 soirs de concerts dans un stade, rassemblant 60,000 personnes et j’y suis allé le troisième soir.

– Oh wow. Tu aimes PINK FLOYD ?

C : Oui. J’aime PINK FLOYD, GENESIS… ce genre de rock progressif. Bien sûr, RUSH aussi, dont le Canada est si fier.

A : Il est très sophistiqué. lol Il est le seul membre du groupe qui a étudié la musique. Il a un degré à l’université aussi. Je suis désolé pour lui. Mais même John Lydon (des SEX PISTOLS) n’est pas allé à l’école pour étudier la musique.

yfe_gekirock_07Jeff (nommé ensuite J) : Je ne veux pas répondre après Moose. Moi c’était le concert de PENNYWISE quand j’avais 16 ans.

– En parlant de PENNYWISE, le chanteur Jim Lindberg a quitté le groupe mais est revenu. Qu’est-ce que vous pensez de ça ?

A : Nous avons pleuré.

J : Nakitakunai. (en japonais) Au début, je suis devenu fan d’eux à cause de leurs revendications anti-social et politique, mais Jim allait à l’encontre de ça et il a quitté le groupe mais il est revenu. Je ne pouvais pas croire que c’est encore le même groupe. Depuis lors, je ne suis pas vraiment…

– Qu’en est-il d’Alex ?

A : Je suis allé à beaucoup de concerts de groupes locaux mais en terme de groupe professionnel, c’était les RAMONES qui sont venus à New York City. J’avais 15 ou 16 ans. Ça a changé ma vie. C’était le premier concert où je pouvais sentir qu’il n’y avait pas de barrières entre la scène et le public. C’était tellement puissant, fort et rapide… c’était extraordinaire. C’était pesant dans le vrai sens du terme. Le public était tellement excité, ils ont enlevé les chaises dans la salle et ils ont tout saccagé. Il y avait quelqu’un qui était assis sur une chaise à faire du body-surfing. C’était complètement fou. C’est peut-être la raison pour laquelle je fais tellement de choses folles aujourd’hui, parce que j’étais là à ce concert des RAMONES. C’était une soirée où j’ai pu vivre l’expérience de lâcher prise sur tout et d’être libéré par la musique dans un niveau différent. Être fou, étreindre des étrangers, j’ai été témoin de ce moment juste devant mes yeux devenant quelque chose d’éternel. J’ai entendu beaucoup d’autres personnes qui étaient là encore parler de cette nuit et à quel point c’était incroyable. Je pense que c’était le meilleur temps pour RAMONES. Et je pouvais le sentir au concert. Quand je parle des RAMONES, je suis toujours époustouflé. Mais ils sont partis en ayant cet impact énorme sur moi.

– Ça n’arrive pas toujours que tu sois le plus influencé par un groupe que tu es allé voir en concert pour la première fois, mais on dirait que vous avez tous un arrière-plan musical différent ?

A : Oui.

– Est-ce que vous trouvez ça parfois difficile de réunir toutes les idées des membres du groupe quand vous créez une chanson en tant que YFE ?

A : Parfois. Mais la musique est tellement importante pour nos âmes et nos vies, quand nous créons les chansons, nous n’avons pas besoin d’élaborer une stratégie pour y arriver. Ça sort de nous et alors que ça devient de plus en plus naturel, je crois que ça devient quelque chose de pur. Alors je ne pense pas trop quand je crée les chansons.

S : En même temps, tu peux découvrir de la nouvelle musique parce que nous avons tous une culture musicale différente. Si je parle pour moi, j’étais plus du genre à écouter de la musique et rester dans mon monde. Alors ça ouvre souvent la porte à de nouveaux groupes grâce aux autres membres du groupe. Être inspiré par ces nouvelles découvertes et si je peux le mixer avec mes propres goûts musicaux, ça sera cool pour le groupe aussi. Je ne pense pas que tu perds tes propres goûts même si la musique des autres a un impact sur toi. Au contraire, même si tu le perds, tu peux grandir en tant que musicien quand tu découvres quelque chose de nouveau.

– Quels genres de groupes avez-vous appris des autres membres ?

S : Je me souviendrais toujours quand j’ai découvert pour la première fois SONIC YOUTH avec Alex. Leur musique avait une tension et un chaos que le heavy metal ne possède pas. J’ai ressenti comme une sensation d’être catapulté dans un monde où il n’y avait pas de gravité. C’était quand ce nouveau monde s’étendait devant mes yeux. Et aussi le guitariste Nels Cline de WILCO. Son jeu de guitare possède une telle technique, une passion et un chaos dans une bonne balance et sans perdre la mélodie. Ça m’inspire et je l’aime beaucoup.

– C’est maintenant la fin. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos plans futurs ?

yfe_gekirock_08A : L’album “Between Illness And Migration” qui est sorti au Japon en mars de cette année, va sortir au Royaume-Uni, en France et au Canada. Dépendant des pays, nous en avons différentes versions. Après chaque sortie, nous voulons tourner dans chaque pays et pour le partager avec nos fans. Nous sommes tellement bénis de faire de la musique avec nos meilleurs amis mais nous sommes très contents de tourner dans chaque pays pour introduire notre album et remercier les gens qui nous supportent. La prochaine année sera très chargée. Mais je suis très reconnaissant. Je veux juste dire une dernière chose à propos de la version japonaise de l’album “Between Illness And Migration”, dans laquelle nous avons infusé un coeur très spécial. Parce que cet album est l’accomplissement d’une promesse que nous avons faite à une femme japonaise. C’est une mère qui a perdu son fils qui était notre ami. Il souffrait d’une dépression et s’est finalement suicidé. Elle a amené Jeff et moi au 40ème étage d’une tour à Tokyo, nous regardant dans les yeux pour nous dire “Regardez ce paysage à Tokyo. Il y a beaucoup d’enfants comme mon fils. Je suis contente que vous pensiez vouloir faire quelque chose pour eux. Alors, faites-le.” L’album “Between Illness And Migration” est né de cette promesse. Le résultat de ça est l’art et la musique mais ce qui y est infusé est vraiment brut et c’est quelque chose qui a transpercé mon âme. Ce qu’elle nous a dit en nous regardant dans les yeux a eu un impact complètement différent que le fait d’aller au concert des RAMONES plein de fois, ça ne peut pas être comparable. C’était impossible de finir l’entrevue sans dire ceci.

Lisez l’article original (en japonais) ici

YOUR FAVORITE ENEMIES – MIXTAPE

Written by Your Favorite Enemies. Posted in Entrevues

Les Canadiens de Your Favorite Enemies sont plutôt emos, ils ont écrit une chanson thème pour le jeu-vidéo Final Fantasy, et ils viennent de nous pondre un mixtape où on retrouve Pearl Jam, Nick Cave, Savages et The Cure. Voici exactement les titres qu’ils ont choisis, et pourquoi…

1. Ramones – Beat on the Brat
Étant enfant, je savais exactement ce que c’était d’avoir quelqu’un qui m’attendait après l’école! Je me souviendrai toujours la première fois où j’ai entendu cette chanson… Parents, vous vous devez d’aimer vos enfants!

2. Foo Fighters – All My Life
Je faisais déjà partie du groupe depuis un moment lorsque j’ai entendu cette chanson. J’étais avec Alex, le chanteur du groupe, et nous roulions sur l’autoroute. Nous avons finalement décidé d’annuler un rendez-vous très important afin d’aller chez un disquaire pour nous procurer l’album, et ainsi écouter la chanson en boucle!

3. Wilco – I Am Trying To Break Your Heart
J’ai entendu cette chanson pour la première fois un été… J’ai eu un coup de foudre, et j’ai voulu aller en studio avec le groupe afin d’enregistrer 100 chansons, l’une à la suite de l’autre… Tellement inspirant!

4. Pearl Jam – Do The Evolution
Ouais, un peu de philanthropie est toujours une bonne cure! J’aime particulièrement le vidéo-clip pour cette chanson. Il est temps pour la musique de devenir à nouveau une révolution sociale! J’en ai assez de ces chansons sans conséquence que j’entends partout où je vais. That’s evolution, baby!

5. Dead Kennedys – Holiday in Cambodia
Well you’ll work harder
With a gun in your back
For a bowl of rice a day
Slave for soldiers
Till you starve
Then your head is skewered on a stake

6. The Clash – Straight to Hell
J’ai reçu un t-shirt de cette chanson de The Clash de la part de mon meilleur ami, alors que je venais de sortir d’une dépendance à la drogue. C’était un symbole afin de partager l’espoir, la foi et l’amour autour de moi alors que j’étais maintenant hors de la rue. J’ai toujours le t-shirt, et jusqu’à ce jour, cette chanson change ma vie toutes les fois que je l’écoute!

7. Nick Cave – Stagger Lee
Nick Cave a toujours été un artiste inspirant et véritable pour chacun de nous dans le groupe, mais lorsque nous avons écouté cette chanson, notre fanatisme s’est élevé d’un cran! Et attendez de le rencontrer… Vous n’y croirez pas!

8. The Cure – Pictures of You
Je n’ai jamais été un fan de chansons d’amour, mais ce groupe, The Cure, a une façon de partager et de chanter à propos de l’amour et de l’espoir, d’une façon si sombre mais emplie d’espoir que ça m’hypnotise toutes les fois, me donnant envie de tomber de nouveau amoureux…!

9. Savages – Shut Up
Il est vraiment difficile de trouver des groupes qui soient inspirants et véritables de nos jours… Mais la première fois que j’ai entendu cette chanson, j’en suis devenu amoureux! C’était si artistiquement, lyriquement et musicalement inspirant! Merci à ce groupe de m’avoir à nouveau donné espoir dans le rock d’aujourd’hui!

10. Ben Harper – Both Sides of the Gun
Ben Harper est mon artiste favori. J’aurais pu faire une playlist contenant 10 de ses titres. Je me souviendrai toujours la première fois que j’ai écouté cette chanson, dans mon appartement. J’avais des amis à souper, et pauvres eux, mon esprit n’était qu’avec Ben, l’écoutant crier son âme! Désolé, les potes! La prochaine fois, nous écouterons la radio, je vous promets que vous aurez toute mon attention!

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Rocking avec Your Favorite Enemies

Written by Your Favorite Enemies. Posted in Entrevues

Rocking avec Your Favorite Enemies: Critique et entrevue avec Alex Foster et Jeff Beaulieu
28 octobre 2013 1:26 PM

À 20h15 le 21 octobre, Your Favorite Enemies jouait live au Water Rats à King’s Cross, à Londres. Le concert a commencé avec originalité lorsque Sef, le guitariste, a ouvert en jouant de la guitare avec un archet de violon. Aussitôt, on savait que ce groupe était unique. Alex, quant à lui, chantait alors qu’il grimpait sur l’équipement, et sur la batterie… un homme qui ne manquait pas d’enthousiasme et de passion pour sa musique.

Ce groupe tricoté serré a performé de façon fantastique. Avec leur son rock, personne n’imaginerait que lorsqu’ils se sont tous rencontrés en 2006, ils étaient tous dans des groupes différents, et que c’est la musique qui les a liés. Malgré ceci, les membres du groupe ont tous des influences musicales différentes. Nirvana pour Jeff, Minor Threat pour Alex, et un intérêt partagé par tous pour Sonic Youth. Alex a même mentionné que côté atmosphère, c’est Sonic Youth qui remportait, puisque ce groupe a aidé les membres de YFE à se réunir en tant que groupe.
 
Bien que la performance du groupe démontre sans aucun doute leur son rock, du vocal puissant d’Alex au savoir-faire des guitaristes, il y avait aussi des éléments électroniques, notamment avec le clavier de Miss Isabel. Le concert ne manquait pas de mélodies “catchy”, de riffs de guitares rapides (mais aussi de plus mélodieux), et de solos de guitare épiques. Alex a trouvé difficile de mettre le doigt sur le genre qui correspond au groupe. Il le décrit comme une infusion de punk, rock, noise, avec une âme. Ce qui était des plus évident lors de leur concert au Water Rats, alors que le groupe démontrait une image téméraire, évoquant le genre punk, avec une batterie rapide et les riffs de guitares remplissant le rock et le noise-rock.

Bien que “Open Your Eyes” ait eu la meilleure réception, la foule sautant et faisant du head-banging, démontrant leur support et leur enthousiasme face à la musique, cette chanson n’est toutefois pas celle que les membres du groupe préfèrent jouer sur scène. Alex et Jeff s’entendent tous 2 pour dire que leur chanson favorite en live est “From The City To The Ocean”, chanson qui dure normalement 12 minutes, mais qui peut s’étirer jusqu’à 25 minutes lors d’occasions spéciales. “From The City To The Ocean” est une chanson plutôt longue, permettant au groupe de s’éclater complètement en se laissant aller à la musique, tout en étant apte à capter le moment. Il n’est donc pas surprenant de savoir qu’ils ont gardé cette chanson comme pièce de résistance lors de leur performance au Water Rats. Ils ont pu interagir pleinement avec la foule, tout en les laissant sur une impression durable.
 
Your Favorite Enemies sont tellement impressionnants qu’ils ont été le premier groupe rock à performer dans un temple japonais, temple qui est devenu leur salle de concert favorite. Ce fut pour eux une expérience folle et unique; “même le moine sautait” – Alex Foster
 
Leur passion pour la musique leur a aussi valu d’être reconnu par le Kerrang! Magazine, avec qui ils ont eu une séance photo, pour laquelle un des membres du groupe s’est retrouvé torse nu, déchirant son t-shirt pour en faire un bandeau, un ruban sur la bouche et des croix sur la poitrine. “C’était fou et cool à la fois” dit Alex. Ceci a aussi renforcé l’unité et le sentiment de famille à l’intérieur du groupe, aspects du groupe qui sont aussi démontrés lorsqu’ils sont sur scène, tout particulièrement lorsqu’Alex met son bras autour de Sef et que les 2 se balancent au rythme de la musique.
 
Your Favorite Enemies apportent aussi au Royaume-Uni leur nouvel album “Between Illness And Migration” en février 2014 (album déjà sorti en Australie et au Japon), sortie qui sera accompagnée d’une tournée en Angleterre en mars de la même année. Alex et Jeff ont mentionné que leur premier album était à propos de capturer le moment qu’est faire de la musique tous ensemble, en ayant du plaisir, et de revenir à la base, tout en étrennant leur nouveau matériel dans leur propre église-studio.
 
Pour quiconque ayant le désir de partir son propre groupe, voici quelques conseils de la part d’Alex : demeurez fidèles à vous-mêmes dès le début, demeurez dédiés à la musique et les uns aux autres, permettez les erreurs, prenez des chances, et souvenez-vous que c’est à propos du coeur et de partager qui vous êtes à travers la musique. C’est ce pourquoi Your Favorite Enemies tient encore debout.

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Your Favorite Enemies se fait de nouveaux amis – La Presse

Written by Your Favorite Enemies. Posted in Entrevues

(DRUMMONDVILLE) La formation drummondvilloise Your Favorite Enemies se prépare pour une tournée qui l’amènera au Japon, en Australie et en Europe. Pendant qu’il multiplie les succès radiophoniques, notamment en Angleterre, le groupe rock anglophone est toutefois boudé par la radio commerciale québécoise.

«Nul n’est prophète en son pays comme on dit, admettra poliment Jeff Beaulieu. Je ne sais pas ce que ça prendra pour que les gens d’ici finissent par nous découvrir, mais c’est certain que le CRTC ne nous aide pas (avec ses quotas). »

Your Favorite Enemies a bien obtenu quelques rares occasions de se faire connaître au cours des dernières années, partageant même la scène avec Papa Roach. Ces spectacles lui ont permis d’acquérir nombre d’amateurs dans des milieux marginaux.

Afin de se faire de nouveaux amis, les membres du groupe ont décidé de vendre leurs disques une maison à la fois. Ils ont d’ailleurs fait du porte-à-porte dans la région sherbrookoise dernièrement. «Nous avons adopté la philosophie du do-it-yourself. Nous nous produisons nous-mêmes et avons même acheté une presse afin de fabriquer notre propre marchandise», a ajouté le guitariste.

Fondé en 2006, Your Favorite Enemies est formé de Sef (guitare), Miss Isabel (clavier et chants), Alex Foster (chants), Ben Lemelin (basse), Charles Allicy (batterie) et Jeff Beaulieu (guitare). Le groupe a vu le jour dans la région de Montréal et a élu un premier domicile à Varennes, avant de s’en faire montrer la sortie en 2009. C’est à ce moment que s’est amorcée l’aventure drummondvilloise.

«Nous avions notre studio à Varennes, mais les policiers n’arrêtaient pas de nous visiter. Nous avons alors découvert une ancienne église à Drummondville, dans la paroisse Saint-Simon. C’est un lieu parfait pour nous. Il ne s’y passe pas grand-chose, ça nous permet de rester concentrés», a signifié Beaulieu.

Le groupe tire ses inspirations principalement du courant grunge de Pearl Jam et Nirvana avec une touche un peu plus «noise» à la Sonic Youth.

120 000 albums vendus
Après avoir créé le label Hopeful Tragedy Records en avril 2007, Your Favorite Enemies a lancé un premier EP de cinq chansons quelques mois plus tard à l’intention de ses premiers fans. Un an plus tard, il lançait son premier véritable album : Love is a promise whispering goodbye.
Son succès sur les autres continents amène la formation à travailler avec le compositeur japonais de jeux vidéo Takeharu Ishimoto pour arranger, écrire les paroles, et interpréter trois titres sur la bande sonore de Dissidia : Final Fantasy.

Après quelques années de silence studio, les Drummondvillois d’adoption sont retournés dans leurs quartiers en 2012 afin de produire Vague souvenir. Cet album a la particularité de contenir les premiers extraits francophones du groupe. Ces chansons n’ont toutefois pas été retenues par les différents directeurs musicaux québécois.

Au fil des ans, Your Favorite Enemies a vendu 120 000 albums à travers le monde. C’est fort de ce succès qu’ils lanceront un quatrième opus intitulé Between Illness and Migration, qui devrait sortir au Canada le printemps prochain.

Drummondvillois d’adoption, le groupe Your Favorite Enemies se prépare à partir en tournée au Japon, en Australie et en Europe.

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La signification derrière la couverture du EP Youthful Dreams

Written by Your Favorite Enemies. Posted in Entrevues

Quelle était l’inspiration derrière la couverture?

C’est New York en janvier. Tout comme ça aurait pu être Tokyo, Paris, Londres, Shanghai, Sao Polo ou Le Caire. Nous étions dans le processus final du mix de notre album, et je marchais lors d’une soirée particulièrement glaciale. Alors que le froid tentait d’exercer son emprise sur moi, cette scène (qui devint la couverture du EP « Youthful Dreams Of An Old Empire ») m’a particulièrement marqué. La ville, encore plus que le froid en soi, semblait vouloir exercer sur moi une emprise comme jamais auparavant, dans un mouvement étrangement statique, les lumières néons et autre couleurs artificielles essayant de simuler une vie globalement reconnue, obscène abandon à une âme collective. Nous sommes tous sans visage et identiques face aux rêves que nous caressions autrefois et de tout ce qui désormais nous domine, comme si nous nous étions perdus quelque part entre notre perpétuel désir d’émanciper nos âmes plutôt que d’être transformés. Nous sommes devenus la réflexion de l’édifice, parfaitement alignés et organisés afin de produire l’habile illusion d’un chaos créatif, triste ironie de nos faire-croires et autres tentatives pour épurer notre nature indomptable de son imperfection et vivacité en échange d’une quelconque illusion de sécurité ne visant qu’à notre propre préservation.

Comme si la vie, la plus irrévocable incarnation d’art qui soit, était devenue la personnification plastifiée de qui nous sommes, mirage collectif de ce qui jadis nous poussait à définir et redéfinir les couleurs de l’invisible, maintenant considéré par notre nature apprivoisée comme les couleurs de la nature défiante d’un rêve proscrit.

La nature dominante de tout empire demeure la résilience qu’il possède à s’imposer à notre intrinsèque désir de liberté et l’opposition dont il fait preuve face à notre volonté de vivre au-delà des frontières. Lorsque nous abandonnons notre peur fondamentale d’échouer, nous rêvons tous à nouveau, rêvons tous de nouveau à nouveau. Et de nouvelles teintes voient le jour sous nos yeux. Nous avons peut-être été aveuglés par d’artificiels néons, mais chaque empire connaît sa chute, puisque les yeux sont inutiles à la vision. C’est ce que j’ai vu. Et le temps que j’ai pris pour contempler cette scène, songeant à l’illusion de tenir bon et au lâcher prise nécessaire afin de tenter sa chance à la vie, explique les sérieuses engelures dont j’ai souffert de retour au studio cette même nuit. Les autres membres du groupe sont toujours convaincus que je me suis arrêté à l’appartement d’un très bon ami à moi sur le chemin du retour… tout le monde entretient la nature de ses illusions et faire-croires, n’est-ce pas?

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