Nous sommes arrivés à Carrboro tôt le matin. Je me suis réveillée avant tout le monde et j’ai décidé d’aller dans le plus proche Starbucks. 15 minutes de marche, m’avait-on dit. Ou plutôt 45 minutes vu mes nombreux arrêts pour prendre des photos. Je ne m’attendais pas à beaucoup de la part de cette ville pour être honnête, comme je n’avais jamais entendu son nom auparavant. Mais après quelques pas et après avoir rencontré une vieille camionnette rouge, je suis tombée sous le charme ! Petite, calme mais vivante, ensoleillée, jeune… c’était tout ce qu’une ville se doit d’être ! Je m’attendais à quelque chose de plus “campagnard”, mais je m’étais complètement trompée. Alex et Jeff se sont joints à moi un peu plus tard, et nous avons reçu la visite de presque tous les autres membres du groupe jusqu’aux balances de son.
Juste après les balances, nous sommes sortis et nous avons rencontré une amie de longue date, Tina, aussi connue sous le nom de hippiechick ! Elle a laissé ces notes sur la scène alors que le groupe jouait, et j’ai trouvé ça vraiment cool de les voir parfois apparaître sur scène. Et je suis sûre que ça a donné beaucoup d’énergie au groupe pendant le concert !
Et puis le concert ! Alex se sentait un peu fatigué ce soir-là, comme tout le monde. Non seulement ça, mais sa voix était un peu rauque. Ça a donné au concert une atmosphère complètement différente. Son interprétation des chansons était un peu différente que d’habitude, mais juste assez sentie et significative. Ça m’a donné une toute nouvelle perspective des chansons. Je connais les versions de l’album par coeur, les versions en concert tout autant, mais cette fois, c’était comme si les chansons étaient complètement nouvelles. Une soirée mémorable dans une ville dont nous n’avions jamais entendu parler, mais que nous n’oublierons jamais !
À Atlanta, je me suis réveillée plus tard. Tout le monde en fait. Nous ne nous sommes pas couchés extrêmement tard, mais la tournée nous épuise tous… Tu ne dors pas aussi bien dans un bus de tournée que chez toi. Est-ce que je peux être honnête avec vous ? Je m’attendais à voir une ville désertée. Merci à la série The Walking Dead. Mais non. Les gens sont normaux, semblent normaux, et personne n’a essayé de me manger. Le Starbucks le plus proche était à 143 mètres de distance – ou du moins c’est ce que l’application Starbucks m’avait dit. En fait, c’était à plus de 1000 mètres considérant le fait qu’il n’y avait pas de chemin direct entre le Starbucks et moi… Ça en a valu la peine comme j’ai découvert le meilleur Starbucks au monde 🙂
Il y a une histoire d’amour entre Your Favorite Enemies et le Starbucks. Je ne sais pas si c’est un amour partagé ou si le Starbucks est simplement gentil avec nous quand nous sommes là. Mais partout où nous allons, nous cherchons toujours le Starbucks le plus proche. C’est comme ça partout. L’ambiance est la plupart du temps meilleure que dans les salles de concert. Soyons honnête, même si les balances sont importantes, elles sont souvent très désagréables à entendre ! Mais entendons-nous bien, je ne veux pas dire par là que la musique au Starbucks est toujours bonne. Alors voici ce qu’il en est. Je me réveille habituellement avant tout le monde. La première chose que je fais est de regarder où se trouve le Starbucks le plus proche. Semble-t-il que je suis la personne désignée pour trouver les Starbucks. Ce qui veut dire que je dois trouver le Starbucks le plus proche. Mais Starbucks, s’il te plaît, peux-tu entendre l’appel d’un trio qui a parcouru tes différents restaurants à travers l’Amérique pendant 21 jours – ou au moins le mien comme je me bats quotidiennement avec ton application ?
1) Rends le wifi disponible partout. Dans la moitié des endroits que nous avons visité, ton wifi ne fonctionnait pas du tout.
2) Peux-tu identifier les endroits qui sont se trouvent dans les magasins et ceux qui sont de ridicules stands dans des supermarchés ? Marcher pendant 15 minutes sous la chaleur insupportable de Washington DC pour finalement trouver un supermarché est un très mauvais coup au moral !
3) Peux-tu incorporer du vin dans tous tes restaurants ? Le Starbucks à Atlanta était définitivement le meilleur – nous en voulons plus comme ça !
Mais Starbucks, nous t’aimons peu importe quoi. Un bravo tout spécial à Angus à Brooklyn, à Tesley et à la fille avec des cheveux blonds courts à Atlanta ! Je suppose que des gens qui passent leur temps dans un Starbucks du matin au soir n’est pas vraiment commun et que nous attirons l’attention en étant nombreux, tatoués, avec des longs cheveux et des barbes !
Et ensuite est venu le temps du concert. LE CONCERT FUT INCROYABLE PUTAIN !!! J’utilise rarement ce genre de mots quand j’écris mes blogs, parce que je surveille mon langage, et parce que d’autres personnes le lisent avant qu’ils ne soient en ligne, s’assurant que c’est “réglo”. Mais ce soir était extraordinaire PUTAIN ! À un moment donné pendant la tournée, Alex a commencé à changer les paroles du bridge de “Midnight’s Crashing”, celui où il parle de “the girl outside in the parking lot who’s thinking of jumping” (la fille dehors dans le parking qui pense à sauter – ndlt). Elle a arrêté de penser à sauter, ou peut-être qu’elle l’a déjà fait, peut-être qu’elle a franchi cette étape pour laquelle elle se sentait tellement hésitante. Peut-être qu’elle a réalisé qu’elle n’avait pas à sauter. Peut-être qu’elle a changé sa destination. Peut-être qu’elle a ouvert ses yeux sur quelque chose de nouveau. Mais maintenant, ce à quoi elle pense est : “Outside It’s America”.
Et ce soir, alors que j’étais au milieu du public quand Alex chantait ces paroles, je pouvais entendre les gens y réagir, disant : “Oui, c’est ça. C’est ça l’Amérique, ce moment que nous vivons maintenant, cette connexion que nous avons à travers la musique… c’est l’Amérique. C’est fou de penser que ce canadien a compris ça mieux que beaucoup de gens ici en Amérique ne le feront jamais.”
On ne peut pas nier qu’il y a vraiment une ambiance unique dans cette ville. Je suis restée au Starbucks toute la journée et je n’ai pas beaucoup visité. Nous plaisantons souvent en disant que cette tournée est encore une fois une tournée Starbucks – et je pense qu’en lisant le paragraphe juste au-dessus, vous ne pouvez pas dire que ce titre serait erroné 😉 Nous avons passé notre soirée sur la fameuse Bourbon Street, où toute l’action se passe. Des bars aux restaurants en passant par les bars d’huître, les cabarets, les salons d’absinthe, on y trouve vraiment de tout ! C’est vivant et même si les bâtiments ne sont hauts que de quelques étages, on a l’impression d’être dans une très vaste et grande ville – le bruit, l’action, les lumières et les enseignes éclairées au néon partout ajoutent vraiment à l’ambiance de la ville, ou du moins à cette rue.
Ça a fait un peu bizarre de n’avoir que 3 concerts avant une journée de congé, et même si nous l’avons bien appréciée, personne ne pouvait vraiment voir la nécessité de celle-ci, surtout qu’elle tombait un samedi. Mais nous avons été admirablement accueillis par les gens travaillant au Gasa Gasa, salle qui devient aussi un magasin de disques pendant la journée. Un concert qui a été tout aussi chaleureux et coloré que la ville elle-même, aux nombreux et variés coeurs et âmes.
Il ne reste plus que 4 concerts à la tournée, tous ont lieu au Texas !
11 mai – Houston, TX @ Fitzgeralds
12 mai – San Antonio, TX @ Korova
13 mai – Dallas, TX @ Club Dada
14 mai – Austin, TX @ Holy Mountain
C’est le dernier concert après 11 d’affilée. C’est dans un mode très fatigué que nous attendons le concert à Philadelphie. Nous avons eu le temps de nous promener un peu par contre. La salle de concert était située très près du centre-ville, alors nous avons un peu exploré la ville, visiter quelques endroits en chemin vers le Starbucks. Nous n’avons pas vu la Liberty Bell (Cloche de la Liberté – ndlt), mais nous avons été impressionnés par la ville en tant que telle et son architecture très artistique. En déambulant dans Chinatown, nous sommes arrivés en centre-ville, où la vie était énergique, quelque chose auquel on s’attend dans une grande ville. Il fait chaud et humide, une belle journée d’été pour nous, et ça fait du bien de prendre un peu de soleil – de la vitamine D bien nécessaire – après avoir passé tellement de temps dans un bus de tournée où il fait bien trop froid. Nous sommes arrivés dans les loges juste à temps pour les balances et nous avons discuté et nous sommes étirés avant d’aller savourer le concert de Pine Barons, un nouveau groupe à l’affiche ce soir !
La salle en tant que telle était très belle, très artistique, avec un décor digne de son nom, “Underground Arts” & “Black Box”. Il y avait une ambiance un peu hippie et les murs étaient peints en noir… Le concert fut fantastique. On n’aurait jamais pu croire que soir après soir, après 11 jours d’affilée, le groupe aurait été enragé comme ils l’étaient ce soir. Et encore une fois, ils sont sortis de scène extatiques – très heureux de leur concert. Tellement heureux qu’Alex, surexcité après le concert qui venait d’avoir lieu – a presque démoli les amplis alors qu’il essayait “d’aider à ranger la scène”. Après que Ben lui suggère gentiment de prendre “quelques minutes pour se calmer après le regain d’énergie qui l’habite après un concert”, parce qu’après tout, si l’équipement brise, nous n’en sommes encore qu’à la moitié de la tournée 😉
Et puis c’était terminé… les premiers 11 concerts de la tournée étaient finis, et notre première journée de congé nous attendait le lendemain. Et croyez-moi, nous attendions celle-ci avec impatience ! Pas seulement nous, mais tout le monde, incluant les membres de Trail Of Dead et Boyfrndz, avec qui nous tournons cette fois. Nous avons pris notre temps dans les loges, nous avons levé nos verres à la première moitié de la tournée qui venait de se terminer et nous avons continué dans le bus. Nous avions plus d’une raison de célébrer et d’être heureux, comme le concert d’aujourd’hui fut époustouflant ! Nous avons amené la fête dans le bus, où Alex a pris sur lui de marcher sur le plafond… 😉 Ça s’est fini à 5h du matin, la fête a laissé quelques traces sur certains d’entre nous… 😉
Nous nous sommes tous réveillés très tard, après une nuit qui n’avait pas fait beaucoup de bien à personne. Certains peuvent penser que les journées de congé amènent un peu de glamour, mais la réalité est en fait très, TRÈS différente. Pour la moitié d’entre nous, ce fut la fête de la laverie automatique, pendant que pour l’autre moitié, nous avons envahi un Starbucks pour écrire des blogs…! Inspirant d’une autre façon que les gens pourraient penser, devrais-je dire ! Le soir par contre, nous avons décidé de sortir et d’explorer la ville un peu ! Je veux dire, c’était hors de question d’être à Philly et de ne pas manger leurs fameux Philly Cheesesteaks (et des bretzels) !
Du Starbucks où nous nous sommes tous réunis, nous avons marché jusqu’au quartier historique, pour voir la Cloche de la Liberté (je l’avais imaginé plus grande pour être honnête !). Entourée des tulipes en fleur, j’ai trouvé la scène très poignante cependant. Nous avons marché dans les rues d’un très beau quartier et nous nous sommes ensuite dirigés vers South Street. Avec tous les bars, les restaurants et les terrasses, c’est là où nous nous sommes arrêtés pour manger le fameux Philly Cheesesteak ! Nous avons choisi le Jim’s pour ça, étant un des endroits initial à servir ce célèbre sandwich rempli avec ce que nous connaissons moins bien, du Cheez Whiz. Nous en avons tous eu la moitié, sauf Jeff qui a mangé 2 sandwichs complets et Sef, qui a décidé d’en prendre avec des piments forts parce qu’après tout, c’est ce qu’ils mangent au Texas où nous étions au début de la tournée. Oui Sef, c’est sûr…!
Nous sommes retournés dans le bus assez tôt, où nous voulions regarder un match de baseball. Faute d’une bonne connexion internet, ça s’est cependant avéré une cause perdue. Nous avons ensuite décidé de regarder un film, et nous avons opté pour Interstellar. Après quelques problèmes de TV majeurs et la reconstruction de l’installation de la TV dans le bus, nous avons réussi à faire fonctionner le tout comme nous le souhaitions, merci à YB et Ben, et Conrad qui a tenu le tout ensemble… 😉 Nous avons aussi pris avantage de la soirée pour siroter des bières IPA que nous ne pouvons pas trouver à la maison !
Nous sommes arrivés à Washington DC un peu tard pour être honnête, plus tard que nous l’aurions voulu. Nous avons pris le temps de visiter la salle avant d’aller ailleurs. Grande, spacieuse, plusieurs étages sur lesquels s’étalaient la scène, les loges pour les groupes (1 par groupe – un vrai luxe quand tu penses que nous vivons à 13 dans le même bus tous les jours), avec des coupures de presse collées au mur, toutes en rapport avec la musique. Il y avait des cadres partout. Des guitares avec des ailes suspendues au plafond. Et il y avait assez de miroirs pour n’avoir aucun angle mort et une vision panoramique de 360° ! Le Rock And Roll Hotel est un ancien salon funéraire transformé en salle de concert. Beaucoup de salles où nous avons joué pendant cette tournée semblent être anciennement quelque chose d’autre transformé en salle, ce qui, je pense, est vraiment cool et veut dire beaucoup à propos du désir des gens de faire de quelque chose qui est “mort” quelque chose qui est en vie et qui deviendra un lieu de rassemblement, où la musique sera au centre de tout.
Et le concert… WOW ! Ce fut une explosion ! Époustouflant. Les gens étaient incroyablement dedans, nous donnant le coup de pied dont nous avions besoin pour notre retour sur scène dans une ville comme celle de Washington DC, une ville tellement significative pour tous ! C’est comme si le groupe avait complètement emmené la ville dans une tempête tonitruante. Encore une fois ce soir, quelque chose de plus grand que les mots a pris place, quelque chose qui ne peut pas être décrit par des mots mais ressenti seulement, quelque chose qui vivra éternellement… Une soirée remplie de vie et incroyablement inspirante pour le reste des concerts à venir… Il en reste 7, alors que nous allons à Carrboro en Caroline du Nord ce soir ! 🙂
Assurez-vous de ne pas manquer le reste de la tournée et venez nous rencontrer à l’un des concerts !
7 Mai – Carrboro, NC @ Cats Cradle
8 Mai – Atlanta, GA @ Shaky Knees Music Festival
10 Mai – Nouvelle-Orléans, LA @ Gasa Gasa
11 Mai – Houston, TX @ Fitzgeralds
12 Mai – San Antonio, TX @ Korova
13 Mai – Dallas, TX @ Club Dada
14 Mai – Austin, TX @ Holy Mountain
Dans chaque ville que nous avons visitée pendant notre séjour aux États-Unis jusqu’à maintenant (et n’oublions pas notre unique arrêt canadien à Toronto), nous avons pu ouvrir nos yeux sur une réalité à laquelle nous ne nous attendions pas du tout, dont ne nous connaissions pas l’existence, ou qui était loin de nos idées préconçues…
Nous venons d’arriver au Thalia Hall, la salle de concert à Chicago. Un vieux théâtre transformé en salle de concert, ce n’est pas sans nous rappeler notre propre maison, une ancienne église catholique transformée en studio (et tellement plus encore). Nous avons passé un moment fantastique en parlant avec le propriétaire et nous lui avons expliqué tout le travail que nous avions eu pour transformer l’église qui est la nôtre maintenant. Parfois, ce qui semble ordinaire – ou pire, une cause perdue – peut devenir un endroit appelé maison, avec seulement un peu de vision et de foi. Et je suppose que cette salle, tout comme notre église, est une parfaite représentation de qui nous sommes en tant que personne aussi… Quand tout espoir est perdu, nous avons tous seulement besoin d’une petite étincelle pour que nos yeux puissent s’ouvrir sur quelque chose de complètement nouveau…
Chicago est une ville que nous étions tous impatients de voir. Mais entre l’arrivée, les entrevues et l’arrêt obligatoire au Starbucks (pour profiter du wifi et pour du café bien nécessaire !), nous n’avons pas pu nous promener dans la ville autant que nous l’aurions voulu. Nous avons parcouru les rues de la ville dans un van, prenant quelques photos et clichés de l’architecture et de son essence. Ce n’est que plus tard, au concert, que nous allions pouvoir saisir l’essence de la ville pleinement par contre, au moment de rencontrer les gens présents dans la salle !
Juste avant le début de concert, nous avons passé un merveilleux moment en coulisses, nous imprégnant de l’esprit de la salle et de la grande énergie que nous avions tous ce soir-là. Nous avons parlé des différents moments qui se sont passés pendant la journée et des gens que nous étions impatients de rencontrer, quelques vieux amis que nous connaissions depuis l’ère de MySpace mais que nous n’avions pas encore rencontré…
Et quel concert ce fut ! Ça a été vraiment merveilleux ! Peut-être que c’est parce que nous nous sentions comme à la maison dans cette salle. Peut-être que c’est parce que nous savions que nous avions de la famille nous supportant dans le public. Ou peut-être que c’est juste parce que nous voulions être sûrs que ce moment allait devenir éternel, et nous avions décidé de nous assurer que ça se passerait de cette façon. Le groupe a été phénoménal sur scène, vraiment fantastique. À chaque fois que je les vois, ils deviennent meilleurs. Et quand vous pensez : “Ça a été leur meilleur concert jusqu’à présent”, ils trouvent toujours une façon de vous prouver le contraire en étant une nouvelle sorte de bête de scène…!
Fetesha, notre amie de longue date, a écrit une chronique du concert que vous pouvez lire ici.
Le prochain arrêt est Détroit, Ferndale pour être exacte. La salle est nouvelle, avec un espace vert dans un coin à part, les plantes recouvrant les murs du sol au plafond – quelque chose de vraiment stupéfiant ! C’était totalement différent de ce que nous attendions à Détroit. Avec toutes les histoires que nous entendons à propos de cette ville aujourd’hui, nous avons trouvé un oasis de paix au Loving Touch.
Alex a pris le temps d’écrire un peu plus. Cette fois, son “journal quotidien” est une lettre ouverte après que le comité d’organisation du 200ème anniversaire de la ville de Drummondville ait décidé d’exclure YFE des célébrations par “peur de voir les oreilles sensibles fuir les célébrations”. Même si c’est inhabituel pour Alex de répondre à ce genre de choses, la vision de “Your Favorite Enemies” du mot “peur” ensemble dans la même phrase l’a fait réagir. Vous pouvez lire sa lettre ouverte, “Lorsque la peur s’invite à la table de la célébration” sur le SFCC ici.
Et ensuite, le concert en tant que tel… WOW ! Quelle folie ! Je dois vous raconter une histoire singulière à propos de ce concert. Howard, un ami de longue date que nous voyions pour la première fois, avait décidé de venir au concert. La route devait lui prendre 3 heures. Mais sur le chemin, il a dû pousser sa voiture car elle est tombée en panne. Il a fait ça pendant 8 km, réalisant qu’il avait une crevaison en atteignant la sortie et repérant le pneu crevé, lui permettant de pousser la voiture jusqu’à la prochaine sortie où il y avait un garage. Au total, 16 km pendant lesquels il a poussé sa voiture sur la route. Arrivé au garage, il a raconté son histoire au garagiste – qui a décidé de lui prêter une voiture pour la soirée ! “Vous pouver la ramener demain matin”, lui a-t-il dit, “votre voiture sera réparée d’ici là et vous pouvez aller à votre concert ce soir”. Tout en un, je pense que peu importe à quel point la journée a été mouvementée, ça prouve simplement qu’il y a des choses dans la vie que nous sommes appelés à faire, des endroits où nous sommes appelés à être et des rencontres que nous sommes appelés à faire ! C’était aussi un pur plaisir de rencontrer Shandee et son père à nouveau – 2 âmes vraiment incroyables ! Le père de Shandee, qui nous a vus très souvent, a dit que c’était le meilleur concert de Your Favorite Enemies jusqu’à maintenant – quelque chose que je ne peux qu’approuver ! Ils s’améliorent vraiment à chaque concert qu’ils font, je vous le dis !
Et ensuite, nous sommes allés à Toronto. Après un long mais sans aucun problème passage à la frontière, nous sommes revenus à la “Ville de la Reine”, une ville que nous n’avons jamais vraiment aimé. Mais honnêtement, nous n’avons pas eu à essayer de l’aimer cette fois. Depuis 2015, c’est comme si cette ville a pris un tournant complètement différent. Avant, à chaque fois que nous visitions Toronto, c’était pour les affaires et nous avions toujours cette pression de prouver qui nous sommes, de prouver que nous en valions la peine. Mais cette fois, tout était différent. Et c’est ce dont nous parlions en coulisses – lire ici : dans le bus de tournée parce qu’il n’y a pas de coulisses – avant de monter sur scène ! D’une certaine façon, cette ville devient de plus en plus significative, et peu importe les mauvaises expériences que nous avons associées à elle, elles sont maintenant infimes, remplacées par des expériences tellement plus positives.
Une partie de l’équipe au QG est même venue nous voir en concert ! Marjo, Momoka, Kosho et Kanu ont fait le voyage jusqu’à Toronto, portant leurs t-shirts de la collection “Outside It’s America” ! De fiers représentants ? Je pense qu’on peut le dire, oui ! 🙂 Et ils étaient là pour un concert incroyable, croyez-moi !
Nous avons eu aussi le privilège de rencontrer Paul, que nous avions rencontré à la conférence de presse des Juno Awards à Toronto en janvier dernier. Sachant que nous sommes de vrais fans de baseball – supporters des Giants – il a même amené à Jeff un petit cadeau au concert. Il est maintenant affiché fièrement dans le bus de tournée ! 😉 Go Giants ! Paul a fait une chronique du concert du groupe et a publié les photos qu’il a prises à The Canadian Music Scene. Vous pouvez toutes les retrouver ici.
Alex avait aussi un défi à relever, prendre une photo avec le drapeau SFCC à Toronto. Nous avons eu le privilège de le faire avec les membres de la famille qui avaient fait tout le chemin pour nous voir, la plupart d’entre eux par surprise ! Ça a été un magnifique moment… Je vais toujours me souvenir de sa réaction quand il a tiré au sort cette ville pendant le dernier Encore ici.)
Et puis le concert en tant que tel… Quel moment magnifique ! Je pense que tout le monde fut unanime – le groupe a donné un concert inoubliable ! Qu’ils aient entendu parler du groupe avant ou pas, tout le monde est reparti avec une impression éternelle… 🙂
Jeff, Miss Isabel et Moose ont aussi fait une entrevue très inspirante juste avant de monter sur scène ! Regardez l’entrevue ci-dessous 🙂
La nuit suivante allait s’avérer étrange, en sachant que nous devions traverser à nouveau la frontière. Il y a eu beaucoup de non-sens dit ce soir-là, par personne d’autre que Sef (bien sûr, qui d’autre ça pourrait être ?!) ! Curieux de savoir de quoi il a parlé ? Alex partage tout ça avec vous dans l’un de ses blogs quotidiens sur le SFCC – et croyez-moi, c’est quelque chose que vous ne voulez pas manquer ! Vous pouvez le lire ici.
Nous sommes ensuite arrivés à la salle de concert à Pittsburgh, une ville où tout est gris et brun. Cette salle était une église. On aurait dit qu’elle était encore en construction d’une certaine façon, et tout semblait froid au premier abord, un peu en décalage avec tout le reste. C’était peut-être dû à la météo, aux couleurs des bâtiments, au fait qu’il n’y avait personne dans les rues pour amener de la couleur à cette partie de la ville…
Nous avons fait un toast en coulisses, un toast aux couleurs de l’invisible, et de donner nos propres couleurs à ce qui nous entoure, peu importe quoi. Un toast qui était digne de l’aperçu que nous avions de la ville jusqu’à maintenant. Une ville qui n’était pas vraiment marquante, mais où les gens en définissaient chaque partie.
Ça a été nos “essentiels de la tournée” jusqu’à maintenant. Le Johnnie Walker Black pour les toasts que nous avons parfois avant/après les concerts, et le “salsa con queso” pour aller avec les chips. Nous essayons de manger sainement en tournée mais ce n’est pas toujours facile et après un concert où tu as donné plus que ce que tu pensais avoir d’énergie, cette branche de céleri délicieuse ne fait pas vraiment compétition avec les chips 😉
Le concert était un peu à l’image de la ville… D’une certaine façon froid et distant. C’était tout de même un très bon concert, malgré cette impression persistante que quelque chose manquait… Ce fut rapidement balayé quand nous nous sommes réunis en coulisses et que nous avons partagé nos moments favoris dans les chansons, regardé les photos et certaines des vidéos qui ont été filmées ce soir-là !
Le jour suivant, nous nous sommes réveillés à Brooklyn. Cet endroit est devenu très significatif pour nous, comme c’est là que l’album “Between Illness And Migration” a été mixé. C’est devenu une pierre angulaire importante dans l’histoire de ce voyage. C’est aussi là que nous restons habituellement à chaque fois que nous allons à New York – un endroit qui est significatif de bien des façons. Il y a des gens partout ici. Et être de retour à New York, on voit ce qui manquait aux autres villes jusqu’à maintenant… des gens, partout où tu regardes. Tu peux être dans une allée à part au milieu de nulle part, tu vas encore rencontrer des gens. Et c’est là que la vraie vie de la ville réside; dans sa population. Tous tellement différents les uns des autres, tous uniques, tous apportant leurs propres couleurs à une ville déjà vibrante. Et au lieu d’être bordélique, tout ça se mélange d’une façon très harmonieuse…
Nous nous arrêtons toujours au Rough Trade Records et dans le parc qui se trouve à côté, nous donnant une vue imprenable sur Manhattan. Peu importe combien de fois vous avez vu cette vue, vous ne pouvez pas vous empêcher d’être en admiration. Oui, New York est peut-être bien la ville où tout est possible… Bien que le succès que tu peux trouver n’est peut-être pas celui que tu avais envisagé, tu ne peux pas t’empêcher d’admettre que tout est possible. Tout cette ville met au défi ce que veut dire “possible”, et quand tu regardes ça de l’extérieur, c’est facile de comprendre pourquoi. De l’extérieur, la ville New York semble avoir été construite avec des blocs Lego, ses bâtisseurs ayant parcouru les rues à la recherche de quelque chose de plus grand – jusqu’à ce qu’ils réalisent que la hauteur des tours n’avait rien à voir avec ce qu’ils recherchaient vraiment; ce qu’ils recherchaient vraiment est ancré profondément en eux.
Nous avons aussi eu le privilège de rencontrer John Agnello ce soir-là. Un homme fantastique, qui a non seulement mixé l’album “Between Illness And Migration”, mais qui a aussi aidé à ouvrir nos horizons sur des sons que nous n’aurions jamais cru possible…
Le concert, malgré l’heure tardive (nous sommes montés sur scène après minuit), était un pur déploiement d’intensité. Alex a surfé dans la foule, la batterie a fini dans le public, et vous pouvez voir de la sueur dans la plupart des photos ci-dessus 😉
Ensuite nous jouions à New York City au Poisson Rouge. Cette scène a lieu très souvent avant les balances de son et les concerts. Jeff, Ben et Alex sont ensemble. Jeff fait des affaires sur son téléphone avant de devoir le mettre de côté avant le concert. Ben donne un aperçu de ce qui va être possible ou pas en terme d’enregistrement du concert ou d’avoir notre propre mix dans les oreillettes sur scène, et Alex s’imprègne de l’ambiance de la salle…
C’est le 9ème concert sur 11 d’affilée. De dire que nous sommes épuisés en ce moment est un euphémisme. Mais c’est au-delà de ça. Beaucoup de gens ont fait le voyage depuis le QG, et d’autres sont venus par surprise du Québec et de l’Ontario aussi. En plus, ce concert allait être diffusé en direct en ligne sur le SFCC. Et cette seule idée a mis le groupe en feu pour la soirée qui était à venir. Et quel concert ce fut ! Je n’ai jamais vu les gars comme ça auparavant. Ils n’étaient pas seulement en feu… Le brasier qui vivait en eux était quelque chose de complètement différent de ce que nous avions pu voir avant. Et ils étaient fantastiques ! Tous ceux qui étaient là au concert peuvent en témoigner, autant que tous ceux qui y ont assisté en direct sur le SFCC !
Vous pouvez aussi trouver plus de photos par d’autres photographes ici et ici. Vous allez devoir faire défiler un peu vers le bas pour voir les photos ;).
Ensuite c’était Boston… Une ville qui m’est apparue comme une ville colorée, où toutes les cultures étaient mélangées ensemble… Bethlehem est en fait un restaurant coréen, Oppa (un mot coréen) est un restaurant de sushi, et ils épellent “kebabs” avec un “o”, ce qui fait “kebobs”. Une chose qui n’est pas mitigée par contre, c’est l’amour de tout le monde pour les Red Sox. Partout où tu regardes, tu peux voir le fameux “B” en rouge sur une casquette, sur un t-shirt, sur un gilet, et même sur une robe – il n’y avait pas moyen d’y échapper nulle part ! Après un petit étirement dans les coulisses très chaudes et humides qui étaient au-dessus de la scène avec une vue sur celle-ci, c’était le temps pour les gars de monter sur scène…!
Le concert fut extraordinaire. Littéralement. Les gars sont la plupart du temps heureux de comment les concerts se passent – et c’est facile de le dire quand ils ne le sont pas. Mais cette fois, ils étaient tous EN FEU ! Et tout le monde était unanime; même si nous avons joué aussi longtemps que d’habitude, ça a semblé passé bien trop vite, pour chacun d’entre nous ! Ces 50 minutes sont passées tellement vite. Et je pense qu’aussi loin que je m’en souvienne, c’est le premier concert auquel le groupe n’a trouvé aucun “point négatif” – rien à corriger, à améliorer, à changer. C’était comme si c’était un score parfait – et nous l’avons assurément vécu comme tel !
Ce blog est déjà très long, mais je voulais tout vous en montrer autant que possible. Le prochain sera dans quelques jours, et couvrira le concert à Philly, notre journée de congé ici, ainsi que le concert à Washington DC ! 🙂 Je suis impatiente ! 🙂
La tournée a commencé d’une très drôle de façon. Nous étions au beau milieu de l’Amérique – ou du Texas devrais-je dire. Parce que les texans sont texans. Ceux que nous avons rencontrés jusqu’à maintenant ne se considèrent pas américains. Ils sont texans. Et c’est pourquoi cet état est aussi appelé le “Lone Star State” (L’État à Une Étoile). D’une certaine façon, alors que nous entendions les différentes histoires du Texas et leur identité culturelle, nous nous sentions un peu plus à la maison – leur histoire, bien que différente, est un peu similaire à celle du Québec.
Nous nous sommes réveillés le matin suivant dans un endroit qui semblait être un tout autre monde – tellement loin de notre réalité ! Dehors, nous pouvions entendre les poules non loin de là, et 2 chevaux galopaient en semi-liberté. Bowie et Sue sont devenus immédiatement amis avec tout le monde. Je pense que de leur donner des carottes a dû aider, ne serait-ce qu’un peu ! Et ensuite nous avons rencontré ces petits chiots super mignons, des chiots âgés de 3 semaines qui découvrent à peine de quoi le monde est composé.
Nous avons déchargé l’équipement, nous nous sommes assurés que tout fonctionnait et que rien n’avait été brisé. À part un petit morceau (un morceau tout de même important) sur la guitare verte Duesenberg de Jeff, tout semblait parfait. À part un dernier problème : la voiture était en panne, et nous devions aller en voiture dans le centre-ville pour récupérer la batterie de Moose. C’est quelque chose d’énorme. Du genre massif. Une âme charitable est allée la récupérer pour nous. Et croyez-le ou pas (nous avons nous-mêmes eu du mal à le croire !), la batterie, avec un tapis, et un ampli, tout est rentré dans une Fiat. Oui. Vous avez bien lu…!
Et la journée est passée, avec sa part de discussions authentiques à propos de la vie, de lâcher prise et de s’accrocher, de croire en la magie de la vie, à propos de la preuve tangible des choses invisibles. Nous venions d’arriver à Austin, en Amérique, et déjà, nous savions que nous étions au bon endroit. “La maison est partout où ton coeur se trouve”, dit-on. C’est peut être parce que nous voyageons en bande tous ensemble que je ressens ça, mais je n’ai jamais l’impression d’être loin de la maison. Peut-être que c’est de faire ce qu’on aime avec les gens qu’on aime. Peut-être que c’est de ne jamais être à un endroit qui est vraiment loin de la maison. La maison est un concept en tant que tel, j’ai compris ça au fil des années, et c’est fortement relié à la famille. Nous n’avons pas besoin d’un bâtiment ou d’un endroit spécifique, tout comme la famille ne requiert pas une relation de sang. La maison est là où tu portes ton coeur – où tu trouves ton but. Un endroit où tu peux trouver la sécurité mais qui n’est pas sans risque à prendre. Un endroit où tu peux être toi-même, mais où les gens ne te laisseront pas rester confortablement qui tu es, sachant – mieux que toi-même parfois – qu’il y a tellement plus qui t’attend. Et où parfois, les gens autour de toi t’aident à redéfinir ton concept de la fraternité, tout comme Sef a aidé Alex ce jour-là… (Et n’oubliez pas qu’il a cassé les pieds de Jeff toute la journée aussi… vous pouvez lire ça dans le blog d’Alex sur le Alex’s blog on the Secret Family Cult Club)
Nous avons quitté Austin à 3h du matin, et nous sommes montés dans le bus où nous avons retrouvé Trail Of Dead. Une belle amitié s’est formée entre les 2 groupes, et même si nous nous étions vus il y a quelques mois (et Conrad il y a quelques jours seulement comme il est venu à l’église pour enregistrer son projet solo), c’était vraiment comme si nous nous retrouvions à nouveau avec les membres de la famille !
Nous avons pris la route pour Oklahoma City, puis pour Saint-Louis, et ensuite Indianapolis. 3 villes dans lesquelles nous avons joué les 3 premiers concerts de la tournée “Outside It’s America”, plus de 1610 km de voyage… 3 villes différentes, toutes faisant partie de ce qu’on appelle l’“Amérique”. Et jusqu’à maintenant, je peux dire que cette tournée est un très beau rappel que nous ne devons jamais juger un livre à sa couverture. Oklahoma City était plein de bâtiments dégradés partout où tu regardais; c’était comme si personne n’avait vécu là depuis des décennies. La salle de concert, le Conservatory, était un bâtiment d’un étage, éloigné, avec une façade noire. Tout, absolument tout, était peint en noir. Devant la salle, ce qui était avant une enseigne lumineuse se tenait là, grande, sans les néons et sans couleur aucune. Saint-Louis, une ville colorée avec un art de rue absolument partout, était cependant aussi délabrée que Oklahoma City. Une tentative de revitalisation pouvait se remarquer. C’était peut-être à cause de la pluie incessante qui tombait ce jour-là, mais tout semblait plus étincelant que ça n’aurait dû. Des peintures sur les murs aux éclats de rire que nous pouvions entendre à travers les portes des cafés à côté. Les couleurs et les rires contrastaient avec ce qui semblait être la “vraie vie” autour de cet endroit, les rendant encore plus beaux de mon point de vue extérieur. Et je me suis demandée, est-ce qu’ils le voient encore comme ça ? Est-ce que la population locale, ces gens que j’entendais rire, avaient peint ça eux-mêmes, pour se souvenir que la vie est plus que tes circonstances ? Est-ce que des gens venus de l’extérieur ont peint ça comme un message pour dire aux gens vivant là qu’ils n’étaient pas seuls et que la vie n’était pas seulement un portrait en noir et blanc ? Je ne sais pas, je ne le saurai jamais, et la réponse importe peu. Indianapolis, une ville faite en hauteur avec ces grandes tours, semblait être toute nouvelle. Même si certains bâtiments ont gardé leur côté historique, la majorité de la ville semblait briller. Là encore, c’était seulement en regardant en hauteur. En bas, on pouvait voir beaucoup de sans-abris, assis, demandant un peu d’argent sur des cartons qu’ils tenaient dans leurs mains. Malgré le ciel bleu sans nuage et le soleil éclatant, il faisait encore un peu froid dehors, et l’un d’entre eux s’est assis juste à côté de notre trio au Starbucks. Un homme très sympathique, avec beaucoup de conversation et un désir de connecter – pas pour l’argent mais du plus profond de son coeur. Et le sourire qu’il avait était plus chaleureux et brillant que tout le reste que j’avais pu voir jusqu’à maintenant. En me promenant un peu pour prendre des photos, j’ai entendu quelqu’un me crier après. Ou du moins, j’ai cru que c’était moi. Je me suis tournée vers l’origine de ce cri et j’ai vu quelqu’un me faire signe de l’autre côté de la rue; pas quelqu’un que je connaissais. J’ai regardé derrière moi, et j’ai vu une autre sans-abri, se lever doucement, regarder cet homme sur l’autre rue. Avec des pantalons noirs, un t-shirt blanc, un blanc globalement sale, et un chapeau blanc, il n’y avait pas de doute, ce type était le chef du restaurant d’où il venait de sortir. Il a crié à nouveau après le sans-abri derrière moi, cette fois, avec des mots que j’ai pu comprendre : “Viens ici, nous avons à manger pour toi. Il fait froid dehors, alors rentre comme le restaurant est fermé.” La femme sans-abri derrière moi s’est levée et a fait quelques pas hésitants vers l’homme, ses yeux remplis de larmes… Je suis partie alors qu’elle boitait en se dirigeant de l’autre côté de la rue…
Et pendant ce temps-là, dans les salles de concert où nous avons joué, la vie abondait avec passion comme nous l’avions rarement vu auparavant. Des membres du groupe eux-mêmes, sautant sur scène avec une passion absolue, au public, complètement enflammé du début à la fin, parfois avec seulement un hochement de tête, parfois en la secouant massivement.
“J’en ai vu des concerts dans ma vie. Je vis pour la musique. Mais vous… Je n’ai jamais rien vu de tel auparavant. Merci pour ces émotions que j’ai pu vivre. Je vis ma vie pour les concerts, et vous m’avez donné une autre raison de vivre ce soir.”
“Un concert de dingue de Your Favorite Enemies ce soir. Tu sais que c’est bon quand le groupe lance ses instruments dans la fosse pour jouer. Merci pour ce concert de fou ! Vous avez un nouveau fan, j’ai un nouveau groupe favori.”
“Qui êtes-vous ? Des bêtes ? En aucune façon des êtres humains normaux peuvent faire un concert comme ça ! C’était mortel ce soir !”
“Je ne suis pas une personne expressive. Je ne montre jamais mes émotions, surtout pas pendant les concerts; Je ne suis pas là pour ça. Mais ce soir, j’ai secoué ma tête et taper du pied pendant presque tout le concert. Je dois vous revoir avant que la tournée ne se termine.”
Oui, c’est l’Amérique dehors. Et les rêves s’accrochent aux merveilles. Mais nous sommes les artisans de nos propres rêves, s’assurant qu’ils ne volent pas seulement au vent comme un drapeau le ferait, mais qu’ils sont vraiment incarnés…
Je ne savais pas à quoi m’attendre pour ce concert. Après celui que nous avons partagé au QG de YFE en janvier, je pensai sincèrement que ça serait difficile d’atteindre de telles émotions encore une fois. Un moment est toujours “un moment” avec Your Favorite Enemies, et il ne revient jamais deux fois. Je le sais très bien parce que non seulement je les vis avec eux, mais aussi parce que je les suis en tournée. Et cette fois, honnêtement, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai vu le groupe répéter pour le concert, s’abandonner au moment d’une façon telle que je ne les avais jamais vus faire auparavant, à croire que ce concert serait un autre moment inoubliable et unique. Mais le jour du concert, je ne pouvais pas me débarrasser de ce sentiment… Et si le concert s’avérait inadéquat ? Et si les gens présents n’aimaient pas vraiment le concert ? Et s’il avait un impact sur tout le monde autour ? Et quand nous sommes partis pour Québec ce matin-là, ce sentiment était encore un peu présent en moi, quelque part dans ma tête, et c’était une présence invisible mais indubitable. Une fois à Québec, nous avons eu à peine le temps d’enlever nos manteaux qu’il y avait déjà un journaliste qui nous attendait pour faire une entrevue.
C’est de ça qu’allait être composé l’après-midi; des entrevues et les balances de son. Et tout s’est très bien passé. Tellement que ce doute persistant que j’avais a disparu. Tout ce que j’avais en tête était cette excitation qui grandissait dans mon coeur. Alors que les entrevues se terminaient tranquillement après les balances de son, les gens ont commencé à arriver à la salle. Les portes n’allaient pas ouvrir avant une autre heure, mais le hall était déjà ouvert. Doucement, l’excitation augmentait de plus en plus. Une grosse partie de l’équipe était allée manger juste à côté de la salle, environ 60 personnes réunies ensemble avant que le concert ne commence. En voyant ça, ça m’a fait penser que ça serait cool après tout. La seule qui se préoccupait de ça apparemment, c’était moi. Ce que les gens veulent voir quand ils vont à un concert n’est pas une grosse performance, mais ils veulent vivre un moment.
Et le moment est finalement arrivé… Il était temps pour le groupe de monter sur scène. La musique s’est arrêtée, la salle est devenue sombre, et la chanson d’introduction a commencé, accompagnée d’une projection derrière le groupe ! Techniquement parlant, les 2 premières chansons sont toujours ardues pour moi comme ce sont avant tout des lumières stroboscopiques ou pas de lumière du tout. Capturer quelque chose en photo qui est complètement noir ou complètement blanc est une question de chance plus que toute autre chose. Et pour cette raison, je ne prends pas autant de photos que pendant les autres chansons, et je peux alors savourer le moment un peu plus, avant que mon tour n’arrive vraiment. Mais alors qu’ils jouaient, dès les quelques premières minutes seulement, je pouvais dire que ce concert serait une pâle comparaison de n’importe quel autre, même celui que nous avons eu au QG. Je savais que ça allait être un moment en tant que tel. Mais dans quelle mesure, je ne savais pas. Je ne suis pas du genre à extérioriser ce que je vis (ou du moins, je crois encore que je suis bonne pour le cacher !), mais ce jour-là, à ce moment précis, rien d’autre n’importait. C’était moi et la musique. C’était comme si rien ni personne n’existait autour de moi. Ou peut-être que je savais qu’il y avait 300 personnes autour de moi. Et peut-être que je m’en fichais tout simplement. Le niveau de lâcher prise qui se passait sur scène, et le nombre de fois où le groupe a improvisé les chansons et fait quelque chose de complètement différent que pendant les répétitions m’a vraiment prise par surprise. Oui, avec ma caméra. Mais surtout avec mes émotions. Et j’ai regardé la foule, et j’ai vu des gens qui ont voyagé pendant des heures pour venir nous voir, des gens qui ont pris l’avion pour la première fois de leur vie, affrontant leur peur. Des gens du Royaume-Uni qui sont venus pour un week-end pour nous voir en concert et avaient gardé le secret jusqu’au jour du concert. Des gens qui ont roulé pendant des heures juste pour nous voir et partager un moment vraiment unique. Des gens qui sont venus malgré la maladie. Des gens qui ont amené leur compagnon avec eux, “pour leur montrer qui est vraiment YFE et les moments qu’ils ont partagé avec eux avant, après et pendant le concert”… Nous sommes tous tellement différents, mais tellement les mêmes. Ce que nous voulons, ce dont nous avons vraiment besoin, c’est de trouver un endroit auquel nous appartenons, un endroit où nous nous sentons comme à la maison, et un endroit où nous pouvons nous sentir aimés. Et je crois que c’est ce dont il est question ici… Pour des raisons différentes, de différentes façons, nous nous sommes tous sentis à la maison ce soir.
C’est avec un peu de regret que j’ai repris ma caméra et que j’ai continué à prendre des photos. Même si ces émotions faisaient peur au premier abord, et que ce sentiment de lâcher prise m’était encore inconnu, elles sont devenues vraies. Et elles le sont encore aujourd’hui alors que je vous écris ces quelques mots. Your Favorite Enemies en concert, c’est une véritable expérience, et j’espère que vous pourrez la vivre vous aussi un jour. Les émotions parlent tellement plus fort que n’importe quel mot ne pourrait le faire. En espérant qu’elles frapperont sur le même accord que ça a été le cas pour moi ! Ce concert, une fois de plus, m’a montré combien c’était important de sauter dans l’inconnu, de ne jamais permettre aux doutes de nous arrêter. Après tout, nous sommes trop jeunes pour avoir des regrets. 😉