HOLD ME TIGHT
Une chanson d’hier vue aujourd’hui
Le poids de l’honnêteté
Comme dans toutes les autres villes où nous nous sommes arrêtés pendant cette première tournée, tout était à la fois tellement nouveau, inspirant et un peu effrayant pour nous. Il faisait encore nuit lorsque notre bus est arrivé à Berlin et s’est garé devant le Magnet Club, où nous allions jouer à guichet fermé le soir… Il était encore assez tôt alors j’avais le temps d’aller marcher, ce qui est maintenant quelque chose de très important pour moi avant de communier sur scène dans chaque ville où nous passons. Les images de ce jour-là sont aussi brumeuses que le temps l’était, mais les émotions sont encore tellement vives. L’excitation, autant que le manque de compréhension… « Qu’est-ce que je fais ici? ». Je me suis arrêté à un petit restaurant qui avait un autocollant anti-raciste du type : “Si vous avez peur de la vie, entrez et nous vous protégerons” sur la porte. J’avais très peur, mais c’était plus concernant l’effondrement potentiel que je pourrais vivre dans quelques heures devant une salle comble. Parler avec le personnel incroyablement sympathique m’a aidé à vivre pleinement le moment, des gens tellement gentils que je les ai même ajoutés à la liste des invités du groupe ce soir-là… ça m’a fait sourire de penser que j’avais maintenant des amis à Berlin !
Un souvenir spécial et affectueux que j’ai gardé de ce concert singulier à Berlin est lié à la chanson « Hold Me Tight », une chanson que nous n’avons pas beaucoup jouée depuis le début de notre voyage musical, probablement parce qu’elle différait vraiment du reste de nos chansons à l’époque, mais aussi parce que c’était une sorte d’anomalie lors de ce concert très particulier par rapport au reste des chansons que nous étions en train de « démolir » l’une après l’autre cette soirée-là. L’ambiance a radicalement changé et je me suis dit que nous aurions peut-être dû ne pas jouer celle-là. Mais comme nous n’avions pas beaucoup de chansons à jouer à l’époque, nous l’avons tout de même jouée. À ma grande surprise, les gens avaient les yeux fermés et se déplaçaient lentement d’un côté et de l’autre. Voir des gens, des gothiques aux métalleux, en passant par les punks et les gens en costard-cravate et tous les autres, juste être en pleine contemplation face à la vie et rêveurs était incroyablement émouvant pour moi. Même si je n’avais pas assez confiance en moi pour continuer cette chanson comme je l’aurais aimé, ni assez de courage pour inviter le reste du groupe à le faire, ce fut juste assez pour que je réalise que ce n’est jamais la hauteur à laquelle je saute ni à quel point mon cri est fort qui définit vraiment ce que j’appelle un moment “intense”. Intense comme honnête. Intense comme vrai. Intense comme fermer les yeux et se perdre dans le son. Intense comme toute chose est trop intense pour quiconque y plonge pleinement. Intense comme l’espoir.
Alors, même si nous n’avons pas joué “Hold Me Tight” plus que 5 fois après cette soirée, cette chanson sera toujours reliée à ce moment où je voulais que mes prières et mes murmures soient assez “intenses” pour être confessés dans un moment de courage qui ne serait pas dicté par ma peur éternelle de l’échec.
Extrait du "Tour Bus Confessional"
Premier jour à Berlin
par Moose
Ouvrir les yeux dans le son vrombissant des machines, les mots murmurés de tous ceux qui tentent de se frayer un chemin dans le minuscule couloir… Nous sommes à Berlin et Alex a une question à poser ce matin : “Avons-nous été piégés quelque part ?” Nous sommes au milieu de quatre murs, il y a des clôtures métalliques, tout est sombre et en train de s’effondrer, mais nous sommes en fait derrière la salle et tout est en train d’être restauré et rénové. Cela fait-il partie des petites insécurités qui apparaissent lorsque vous êtes fatigué et que vous vivez tous les jours des moments intenses sur le plan émotionnel et physique ? Qui sait, c’était juste drôle.
Nous sortons du parking qui ressemble à un ghetto, il est maintenant temps de trouver des cybercafés où nous pourrons prendre des nouvelles de la famille et découvrir l’ambiance de la ville, des gens. C’est ainsi que nous avons trouvé un endroit appelé Marco Hinze gastronom & bibliothekar. Après des heures passées à travailler ici, nous avons eu le privilège de faire connaissance avec Carolyn, qui a fait de ce café un endroit où l’on se sent chez soi.
La journée est organisée… Qui fait quoi, quelles vidéos vont être faites et, surtout, nous nous préparons à aller au rendez-vous que nous avons avec certains de nos amis de la communauté allemande YFE.
Les heures passent et il est maintenant 15h30, il est temps de retourner à la salle où l’équipe nous attend pour les balances de son. Mais aujourd’hui, c’est le marathon de Berlin, et de nombreux tramways ne fonctionnent pas. 20 minutes de marche rapide suffisent pour rentrer – sous la pluie !
23h30 : Il est temps de se préparer pour le concert. Tout le monde parle en même temps de sa journée et est excité à l’idée de ce qui s’en vient. En allant dans la loge du groupe, nous apercevrons la salle bondée et Rumble in Rhodos en train de jouer et réchauffer cette audience incroyable qui réagit de la façon la plus rock que j’ai jamais vue.
1 heure du matin : Il ne reste que quelques minutes avant que YFE entre en scène, Ben, Jeff et moi sautons dans tous les sens en faisant semblant de nous battre, c’est notre petite façon de préparer notre corps et notre esprit au spectacle à venir. Au cours des cinq dernières minutes, nous nous tenons tous très fort, le rideau dans les coulisses s’ouvre et nous voilà devant tous ces yeux… Curieux, perdus, passionnés, tous en quête de quelque chose. Tous super excités, nous entamons les premières chansons et sincèrement, nous avons été emportés par ces gens, ils étaient tellement dedans et en sentant le sol bouger, le mosh pit, le body surfing et ceux chantant toutes les paroles des chansons, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils nous ont vraiment épaté et boosté. Peu de temps après la fin du concert, nous discutions avec eux, ce qui était génial.
6 heures du matin : De retour dans le bus, toujours transportés par cette soirée, personne n’a envie de se coucher, à l’exception de Ben et Sef qui sont malades, leur première grippe allemande. Nous avons parlé et partagé jusqu’à presque 7h du matin. 5 heures plus tard, les rideaux des lits superposés se sont ouverts sur notre deuxième jour à Berlin… Mais où sont Alex, Ben et Jeff ? Ces gars sont fous !
Merci mes frères pour ces partages.